Le catholicisme a-t-il des problèmes? - France Catholique
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Le catholicisme a-t-il des problèmes?

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Pour une institution dont beaucoup pensent qu’elle est sur le déclin et déconnectée, l’Église catholique est certainement l’objet de beaucoup d’attention. Et de conseils. Le nombre de personnes qui n’ont rien à voir avec le catholicisme, et qui se précipitent pour donner des avis au moment du choix d’un nouveau pape, est remarquable. Ils n’ont peut-être pas beaucoup de foi dans l’absolu, mais ils sont persuadés de ce que l’Église devrait faire maintenant — si elle veut survivre.

Bien sûr, la plupart d’entre eux suggèrent de les prendre pour exemple, comme si — les rudes enseignements du Christ ayant été libéralisés — les gens allaient se précipiter le dimanche matin pour aller entendre dire en chaire ce qu’ils pourront lire en prenant leur café dans le journal du dimanche. C’est la litanie moderne éculée : égalité, pas d’exclusion, tolérance, pas de jugement, compassion, justice sociale respect des différents points de vue.

Tout cela est bien bon, si on le comprend bien, et selon le contexte. Mais ce n’est guère plus plus que la moitié de l’histoire. De plus, le monde pense les pratiquer beaucoup mieux que les vieux messieurs de Rome, qui persistent à dire qu’il y a des choses mauvaises pour la vie humaine — telles que tuer l’enfant dans le sein de sa mère. Et qui croient que de nous restreindre au seul horizon humain nous mènera inévitablement à un humanisme inhumain. Au siècle dernier, nous en avons eu de nombreux exemples, mais il semble que ce ne soit pas fini.

Par exemple, il n’y a pas besoin de regarder très loin pour voir que le refus d’exclusion et le respect du point de vue de l’autre ne comptent pas beaucoup quand il s’agit du catholicisme. Même la courtoisie la plus élémentaire est jetée par la fenêtre. Certaines des choses qui ont été dites à propos de Benoît XVI depuis qu’il a annoncé son renoncelment la semaine dernière — de son  « passé nazi  », jusqu’à ses  « crimes contre l’humanité » dans le cas des prêtres pédophiles, — auraient paru blessantes dans le cas d’autres chefs religieux.

Mais, dans son genre, c’est un hommage. Le pape a encore de l’importance, et ce pape-là en particulier laisse une trace remarquable par sa sollicitude, sa conscience et son humilité — qualités qui sont intervenues dans sa décision de renoncer. Le monde ne laisse pas de si bonnes actions impunies.

On pense toujours au personnage de Mark Twain qui, enduit de goudron et couvert de plumes et conduit hors de la ville par le train, remarquait : « Si ce n’avait été pour l’honneur, j’aurais aussi bien aimé marcher ».

Malgré tous les discours sur la tolérance et l’ouverture d’esprit de notre société, les enseignements catholiques que les gens trouvent irritants sont simplement exclus. Certains sont stigmatisés comme étant purement irrationnels — par exemple « l’homophobie » n’est qu’une maladie mentale ou un préjugé enraciné. Nous n’avons pas encore les gardes psychiatriques et les camps de rééducation des anciens totalitarismes. Mais nous ne perdons rien pour attendre. Vous avez de la chance si le ministère des ressources humaines n’a pas déjà planifié pour vous une formation de la sensibilité pour résoudre vos « problèmes ».

L’autre manière dont ces « problèmes » sont traités est de les classer comme « politiques » comme si le prochain pape ou un de ses successeurs pouvait simplement changer l’enseignement catholique pour s’adapter à l’humeur dominante. Alors, tout le monde peut rentrer à la maison satisfait — et sans souci.

Les sociétés démocratiques modernes gravitent naturellement vers cette attitude car qui a envie d’être dérangé ? Et de toute façon, nous voyons tout maintenant à travers des lentilles politiques. Il n’y a pas tellement longtemps, même les questions politiques étaient guidées par des principes constitutionnels stables qui empêchaient l’Etat de se mêler d’un certain nombre de questions. Tout ceci est dépassé. Si les lois civiles peuvent changer de façon radicale, pourquoi pas les lois de l’Église ? Même les catholiques n’ont pas souvent idée de ce qui se trame.

Il y a même des catholiques qui ont pris fait et cause pour ces changements. Garry Wills, — un homme brillant qui a été séminariste chez les jésuites, et a bénéficié de la tutelle de William F. Buckley junior — vient de publier un livre, Pourquoi des prêtres ? dans lequel il argumente qu’aucun prêtre n’a été créé par Jésus, et qu’il n’y en a pas dans le Nouveau Testament. Et qu’ainsi, tout dans la structure catholique, depuis la succession apostolique millénaire, jusqu’à la consécration quotidienne du pain et du vin à la messe, est une usurpation de pouvoir spirituel par les clercs.

Cette vision des choses semble moderne et honnête, mais en réalité, elle manque fondamentalement de sincérité. Will, et bien d’autres comme lui, adoptent une lecture littérale de la Bible quand il s’agit des prêtres, mais qu’en est-il des restrictions de l’Écriture en ce qui concerne le divorce, l’homosexualité ou les feux de l’enfer ? Les catholiques et les orthodoxes ont étudié ses arguments et ont décidé depuis longtemps qu’ils ne correspondent pas à ce que l’on peut comprendre de l’Évangile. Il est très facile de trouver des Églises — appelées Églises protestantes — où ses idées sont mises en pratique. Tous ceux qui, comme Gary Wills, contestent la « chose » catholique, en ont la possibilité sous la main, chaque dimanche.

Wills, au moins, a des arguments, d’une certaine manière. Mais peut-être que le catholicisme public le plus abject est celui que J. Dionne, figure du Washington Post, a débité ces dernières années. Hier, il a appelé les cardinaux à voter pour une religieuse, comme le meilleur exemple du catholicisme. Bien sûr, Dionne n’est pas assez fou pour s’imaginer que cela pourrait arriver. Son but véritable est d’attaquer, pas de persuader.

En fait, il ne parle pas du genre de religieuses dont nous avons un affectueux souvenir — ces vieilles dames qui nous ont donné notre toute première éducation. Ces bonnes sœurs étaient à la fois sévères et chaleureuses, tout à fait comme nos mamans — et comme Jésus lui-même. Les sœurs de Dionne semblent toutes être du genre laxiste, qui produit des enfants gâtés où qui, selon les paroles de sœur Simone Campbell, et les Sœurs du Bus, finissent par faire de l’activisme social libéral leur véritable foi.

Pendant ce temps, à Rome, Benoît XVI vit dans le calme ses dernières semaines comme Saint-Père. Il avait sans aucun doute prévu que ce serait un coup de tonnerre. Nous pouvons nous attendre à en entendre plus — beaucoup plus , dans les jours qui viennent, sur ses « échecs », et l’éviction virtuelle de sa charge. Mais c’est lui qui a décidé que s’en aller était la meilleure chose qu’un homme de son âge pouvait faire pour l’Eglise et pour le monde. Bien peu de gens, où qu’ils soient, ont reconnu ce qu’il a vraiment fait parce que la plupart sont, à l’inverse de lui, absorbés par eux-mêmes — et par leurs propres  « problèmes ».

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Robert Royal est rédacteur en chef de « The Catholic Thing » et président de l’institut « Foi et Raison » à Washington

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/does-catholicism-have-issues.html