Chaque année, l’ouverture du Carême impose aux chrétiens une sorte de réexamen général. Où en suis-je par rapport à ce grand mystère chrétien qui devrait éclairer ma vie ? Ma fidélité et ma ferveur sont-elles à la mesure de la foi et de l’espérance qui devraient m’animer ? Le problème n’est donc pas, comme je peux le lire ici ou là, de moderniser mes convictions, ni même d’inventer on ne sait quel aggiornamento, c’est-à-dire de mise à jour. Il est vrai que ce terme employé par Jean XXIII a eu une certaine fortune. Mais on aurait eu avantage à étudier la pensée de l’initiateur de Vatican II avec plus d’attention. Car pour lui, il s’agissait non pas de s’adapter platement aux conditions du monde moderne, mais bien au contraire d’y déployer à toute force la splendeur de ce mystère chrétien.
Il n’empêche que l’équivoque aura la vie dure et qu’elle mettra en colère un théologien aussi éminent qu’Urs von Balthasar, qui confiait à son ami de Lubac qu’il ne pouvait y avoir de mise à jour de la Révélation, mais un continuel approfondissement. C’est d’ailleurs la seule question intéressante à ce moment où l’Europe apparaît tellement déchristianisée, tandis que le christianisme continue à progresser sur l’ensemble de la planète, parfois souterrainement comme en Chine.
Cette déchristianisation s’analyse comme une mutation de civilisation. Cette mutation est-elle décisive ? On est frappé par le fait qu’elle ne correspond pas à l’émergence d’une nouvelle illumination. Faute de quoi les grandes énigmes de la vie et de la mort sont suspendues dans le vide. Bon Carême à tous !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 février 2021.
Pour aller plus loin :
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