Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a donc remis sa charge au Saint-Père, à l’occasion de son soixante-quinzième anniversaire. Le pape François devrait dans un avenir, sans doute assez rapproché, nous donner le nom de son successeur. Mais avant que ne se fasse la transmission avec le nouvel archevêque, il nous est précieux de faire le point sur l’épiscopat qui s’achève. Le cardinal, lui-même, a procédé à une sorte de bilan personnel dans un grand entretien qu’il a donné à Jean-Marie Guénois, au Figaro de samedi dernier. Ceux qui connaissent la personnalité de Mgr Vingt-Trois n’ont pas été étonnés de la substance de son propos, tant il correspond à la solidité de son caractère tempérée par un humour toujours aux aguets.
Il y a beaucoup de choses à retenir de cet entretien. J’ai été, quant à moi, sensible à la vision du peuple chrétien qui s’en dégage : « L’Église du peuple, dit le cardinal, n’est pas seulement composée de militants et on ne peut pas, non plus, se satisfaire d’une Église à deux vitesses ! L’Église doit donc accueillir tous les degrés et toutes les modalités d’appartenance. La personne qui est cachée derrière un pilier participe tout autant à la messe que le chef de chœur estampillé catholique pratiquant. Ce mystère d’intériorité, personne n’est capable de le rationaliser. Mais il nous revient de permettre à chacun, quel qu’il soit, d’accéder à Dieu, quel que soit le degré de sa participation. » J’ai apprécié l’image et la réalité à laquelle elle correspond.
Précisément, ce peuple chrétien, surtout lorsqu’il n’est pas bien estampillé, ne craint-il pas, en ce moment, pour son avenir, notamment face au phénomène de populations nouvelles qui met en cause ce qu’on appelle son identité ? Là-dessus aussi, le cardinal a son appréciation : « La question est de savoir si nous avons une vitalité suffisante pour les accueillir et leur proposer un mode de vie différent, ou si nous sommes à ce point anesthésiés que l’on n’ait plus qu’à se cacher et leur laisser occuper le terrain… » N’est-ce pas toute la question, qui est de savoir s’il ne convient pas mieux de remplir nos églises que de se plaindre de la présence d’autres croyants sur notre territoire ?
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 novembre 2017.
Pour aller plus loin :
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- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
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