Le magnifique hommage qu’a rendu Benoît XVI au cardinal Carlo Maria Martini, à l’occasion du décès de l’ancien archevêque de Milan, montre à quel point celui-ci a compté parmi les grands pasteurs de l’Église. Le pape souligne d’abord l’importance du bibliste dont les ouvrages ont eu un beau rayonnement auprès d’un public avide de puiser sagesse et force dans la Sainte Écriture. Le cardinal appartenait aussi à la postérité de saint Ignace de Loyola, dont on sait la mission incomparable d’évangélisation, au prix d’une fidélité exigeante et d’une audace créatrice. De ce point de vue, il faudra faire le bilan d’un épiscopat dans la cité de saint Ambroise. Épiscopat qui a voulu provoquer la rencontre avec les milieux les plus culturellement éloignés du christianisme, et notamment les athées. On s’intéressera aussi au rôle politique de l’évêque, celui qui l’amenait à se faire médiateur pour le désarmement des Brigades rouges et le retour de l’Italie à la paix civile.
Benoît XVI n’a jamais caché qu’il n’avait pas toujours été en accord avec le cardinal Martini, même s’il reconnaissait que l’un et l’autre avaient agi dans un but commun. L’entretien posthume de Carlo Maria Martini publié par le Corriere della Sera atteste de divergences de vue assez sérieuses avec les fermes orientations des derniers papes. Pour avoir parlé de ce sujet avec d’autres cardinaux qui furent les interlocuteurs de l’archevêque de Milan, je serais pour ma part assez critique à l’égard d’opinions qui se voulaient généreuses, ouvertes, mais que l’intéressé ne poussait jamais jusqu’à leurs conclusions. Ceux qui voulaient promouvoir le cardinal Martini comme figure alternative à Jean-Paul II étaient eux-mêmes embarrassés, ne sachant pas s’il épouserait leurs projets extrêmes. Pour autant, il posait des questions à propos de difficultés réelles, auxquelles nous serons toujours confrontés, et qui réclament discernement évangélique et courage apostolique.
