Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, la consommation de cannabis chez les adolescents est repartie à la hausse ; un jeune sur deux en a déjà fumé ; un quart ayant touché au cannabis est en risque de dépendance ; 8 % des adolescents semblent carrément accrochés. Il y a à cela des causes circonstancielles, notamment un accroissement de l’offre, la France étant désormais productrice.
Que faire contre ce fléau ? Curieusement, dans les articles que j’ai lus à propos de l’enquête et de ses statistiques, je n’ai rien relevé à propos d’une éventuelle légalisation du cannabis, dont on vante pourtant les mérites, parmi lesquels une meilleure maîtrise du marché. Il est vrai que la libéralisation aurait l’effet psychologique désastreux de la banalisation. Or, selon Mme Danièle Jourdain-Menninger, la présidente de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives : « Il faut que les parents et les médias déconstruisent l’image du cannabis et débanalisent son usage. » Il y aurait donc un gros travail à faire de ce côté, car l’usage du cannabis est valorisé dans tous les milieux de la société, y compris les plus aisés et les plus cultivés. « Fumer un joint » est une formule, dont le caractère transgressif valorise l’incitation.
Je retiens encore cette formule : « Faire la morale aux jeunes, cela ne marche pas. » Tout dépend de ce qu’on entend par morale. Il ne faut pas trop médire des interdits, car ils sont structurants. Mais en même temps, ils sont insuffisants et parfois même dangereux s’ils réduisent l’existence à des préceptes négatifs.
Jean-Paul II avait trouvé chez le philosophe Max Scheler un art de la construction de soi, qui valorisait la maturité affective de l’adolescent. Ce serait plutôt de ce côté-là que je me pencherais s’il me fallait encore m’occuper d’adolescents, surtout au risque du cannabis.
