Dimanche 12 septembre 2021, à Varsovie, le cardinal Semerano procédait à la béatification du cardinal Stefan Wyszynski, ancien primat de Pologne, haute figure de l’Église au XXe siècle. Le même jour, François célébrait la messe de clôture du Congrès eucharistique à Budapest. Et à cette occasion, le cardinal Erdö a tenu à associer, dans son adresse au pape, la mémoire du béatifié à celle du cardinal Midzensty, son prédécesseur comme primat de Hongrie, autre figure majeure de la résistance catholique à la persécution religieuse du système soviétique. Mais l’événement de Varsovie, en dehors de la Pologne n’a peut-être pas eu l’écho qu’il méritait.
Serait-ce que l’histoire du XXe siècle s’estompe dans l’esprit des nouvelles générations, ou encore qu’une sorte de pudeur retienne de trop célébrer ces personnalités, au moment où l’Église se trouve soupçonnée dans sa hiérarchie de ne pas avoir été à la hauteur de certains défis ? Si c’est le cas, c’est grand dommage, car nous avons beaucoup à apprendre de l’héroïsme de ceux qui surent faire face, au prix de leur liberté et parfois de leur vie, à l’oppression totalitaire.
Du cardinal Wyszynski, on peut garder l’image célèbre de l’accolade avec Jean-Paul II, lors de l’investiture du pape polonais, lequel s’était levé pour embrasser le primat, auquel il avait été associé dans le grand mouvement de relèvement religieux de la Pologne d’après-guerre, notamment lors du millénaire chrétien du pays, qui avait été l’occasion d’un prodigieux mouvement populaire. Il faudra relire la biographie d’un Wyszynski pour prendre conscience de son envergure intellectuelle et spirituelle, de sa détermination de dirigeant, qui ne craignait pas d’associer sa responsabilité pastorale à une véritable mission civique. Il est arrivé, en effet, dans le passé, que le primat polonais assume la régence du royaume.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 septembre 2021.