Le beau succès du voyage du Pape au Bénin - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le beau succès du voyage du Pape au Bénin

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Au terme de cette visite au Bénin, on peut être assuré que le Pape aime le Bénin, autant que les Béninois aiment le Pape. Ce fut visible pendant ces deux jours, marqués par la joie et la ferveur. Déjà dans l’avion qui l’amenait à Cotonou, Benoît XVI avait exprimé ses sentiments à l’égard de l’Afrique : « Il y a en Afrique une fraîcheur, un “oui“ à la vie, une jeunesse pleine d’enthousiasme et d’espérance. Il y a un sens de l’humain, une joie. Cela montre une fraîcheur, également au sens religieux. Il y a encore une perception métaphysique de la réalité, dans le sens de la réalité, dans sa totalité avec Dieu. Il n’y a pas ce positivisme rigide qui restreint nos vies, les rend un peu arides et éteint l’espérance. Je dirais qu’il y a un humanisme neuf dans la jeune âme de l’Afrique, malgré tous les problèmes qui y existent. Il y a une réserve de vie et de vitalité pour l’avenir, sur laquelle nous pouvons compter. »

Ces quelques phrases prononcées spontanément devant les journalistes valaient peut-être plus qu’un long discours, tant elles venaient de l’abondance du cœur. Le dimanche, en prenant congé du pays et en saluant les autorités, le Pape ne faisait que confirmer ses premières déclarations : « J’ai désiré visiter à nouveau le continent africain pour lequel j’ai une estime et une affection particulières, car j’ai l’intime conviction que c’est une terre d’espérance. D’authentiques valeurs, capables d’instruire le monde, se trouvent ici et ne demandent qu’à s’épanouir avec l’aide de Dieu et la détermination des Africains. » Le discours d’adieu était prononcé à l’aéroport Bernardin-Gantin. Il n’est pas excessif d’affirmer que l’ombre de ce grand serviteur de l’Église n’a cessé de planer sur la visite pontificale. Le Pape tenait à aller prier sur la tombe du Cardinal, qui avait été son ami de longue date. N’était-il pas présent à Munich lors de sa consécration épiscopale ? Il fut créé cardinal par Paul VI en même temps que lui en 1977. Un peu plus tard, les deux hommes allaient se retrouver responsables de dicastères à la Curie romaine auprès de Jean-Paul II. Le cardinal Ratzinger a été très sensible à la personnalité de ce frère bien-aimé, chez qui il a trouvé, vécues de façon éminente, toutes les vertus qu’il s’est plu à reconnaître dans l’âme africaine.

On ne s’étonne pas que beaucoup de Béninois (avec d’autres !) expriment le vœu d’une prochaine béatification de Bernardin Gantin. Mgr N’Koné, évêque de Natitingou, s’est fait l’interprête de ce désir auprès du Saint-Père avec une formule calquée sur un cri célèbre : « Santo presto ! ». Ce qui est sûr, c’est que le rayonnement de l’ancien archevêque de Cotonou qui termina son séjour romain comme doyen du Sacré-Collège, a une dimension mondiale. Son éloignement du Bénin, à cause de ses hautes fonctions, ne lui a jamais épargné le souci de sa terre natale et du continent africain, dont il savait les qualités mais aussi les terribles handicaps. KTO a eu l’heureuse initiative de reprendre une émission qui lui avait été consacrée au moment de sa mort. On pouvait l’entendre dénoncer les maux dont souffre l’Afrique, sans précaution de langage !

Le P. Joseph Vandrisse, qui était aussi son ami, rappelait souvent que toute idée d’une repentance de l’Église pour la tâche qu’elle avait accomplie sur sa terre, lui était insupportable. Sans cesse, il rendait grâce aux missionnaires d’avoir apporté aux siens le don inestimable de l’Évangile. Il rappelait volontiers leur histoire. C’est 150 ans d’évangélisation que Benoît XVI est venu également fêter au Bénin, et il a eu l’occasion d’en commémorer les étapes, ne serait-ce qu’en rappelant le souvenir des évêques qui s’étaient succédé jusqu’à aujourd’hui. Lorsqu’on constate la vitalité actuelle de cette Église, on apprécie les fruits de l’héroïsme dont parlait le cardinal Gantin.
En visitant le séminaire Saint-Gall à Ouidah, le Pape s’est retrouvé devant une foule de séminaristes que l’on aimerait voir en Europe. 515 grands séminaristes pour ce petit pay, voilà qui peut nous faire rêver en France ! Bien sûr, les situations sont très différentes et l’évêque du lieu n’a d’ailleurs pas manqué de relever les fragilités d’ordre moral et spirituel qui touchent le clergé local et les futurs prêtres, notamment l’attrait pour une certaine promotion sociale. Mais le défi peut être relevé par un renouvellement de la formation. De même, il a été fait mention durant le voyage de la nécessité de mieux enraciner les fidèles dans la foi. La persistance des pratiques du rite vaudou, le danger des sectes qui se développent en Afrique, et même au Bénin, la vive concurrence des évangéliques nécessitent un approfondissement de l’enseignement à la base. Mais lorsqu’on s’informe des exigences catéchétiques ne serait-ce que pour la préparation du baptême des adultes, on se rend compte qu’on place dorénavant la barre très haut et d’une façon dont on n’oserait pas s’inspirer chez nous. Par exemple, la présence à la messe dominicale est exigée pour les néophytes et même contrôlée avec diligence.

De la visite pontificale on retiendra bien des images, mais il faut faire une mention spéciale de la rencontre du Pape avec les enfants en l’église Sainte-Rita et au foyer tenu par les Missionnaires de la Charité de Mère Teresa pour les enfants délaissés. Ce fut un moment d’une rare intensité où l’on vit le Pape entraîné par une ribambelle de bambins qui chantaient et dansaient. On était dans un climat familial. Malgré la fatigue et la chaleur, Benoît XVI était pénétré de ce climat de grâce. Ce fut l’occasion d’une catéchèse très directe au terme de laquelle il sortit son chapelet de sa poche pour inviter les enfants à prier. Lorsqu’on sait que l’Afrique est le plus jeune continent du monde et que ce sont les plus petits qui souffrent le plus, on saisit la portée symbolique de ce moment. Les religieuses accueillent dans leur foyer plusieurs dizaines d’enfants abandonnés ou malades, dont certains victimes du sida.

Le Père Lombardi, responsable de la communication du Pape, a évoqué l’accueil à la polonaise que la population du Bénin a réservé au Pape dans toutes les circonstances. à travers elle, c’est aux catholiques de tout le continent que le Pape s’est adressé (12% des catholiques du monde) puisqu’il s’agissait aussi de rendre publique l’exhortation Africae munus, fruit des réflexions du 2e Synode africain. C’est un message de paix, de réconciliation et de justice qui se trouve ainsi lancé, les Églises d’Afrique étant mobilisées, en solidarité avec tous, pour la cause commune. C’est leur exemplarité, en conformité avec les préceptes de l’Évangile, qui permettra l’engagement plénier dont le continent a besoin pour vaincre ses maux et relever le défi de son développement.