Lampedusa, drame absolu. Comment ne pas réagir comme le peuple italien, partagé entre les larmes et la colère ? Le Pape a parlé de honte. Oui, il est inadmissible que des centaines de pauvres gens périssent en mer, par familles entières, avec des petits enfants. Une chose m’a particulièrement scandalisé dans les récits que j’ai lus ou entendus. Plusieurs bateaux de pêche auraient été retardés de porter secours aux naufragés, parce qu’ils étaient obligés d’en avertir préalablement les autorités – la police maritime, je présume. Faute de permission explicite, ils étaient légalement réduits à l’impuissance. C’est inadmissible. Rien ne saurait faire obstacle au principe d’obligation de porter secours aux personnes en danger de mort.
Revenons quelques décennies en arrière, avec le drame des boat people en mer de Chine. Des milliers de personnes fuyaient le Vietnam communiste sur des embarcations de fortune, au risque de naufrages fréquents. C’est pour venir au secours de ces gens, que Bernard Kouchner et ses amis avaient affrété un bateau, qu’ils avaient appelé L’île de lumière. Ne conviendrait-il pas de prendre une initiative de ce genre afin de porter secours à ces milliers de fugitifs qui tentent de gagner l’Europe depuis les côtes africaines ?
Je sais bien qu’il s’agirait là d’une aide immédiate pour sauver coûte que coûte des vies humaines. On m’objectera, à juste raison, qu’une telle parade, à elle seule, serait insuffisante pour affronter un phénomène d’une ampleur considérable. Je ne puis l’analyser en quelques phrases. Mais, comment envisager les relations entre un continent africain en plein essor démographique et une Europe en déclin ? Il faudrait une réflexion approfondie et des décisions à l’échelon international. La solution n’est sûrement pas dans les transferts massifs de population. Alors, comment favoriser le développement des pays africains, mieux réguler les flux migratoires, empêcher le trafic des êtres humains en quoi consiste l’organisation clandestine des passeurs qui exploitent la détresse humaine ?
Plus que jamais, il ne s’agit de baisser les bras face à la tragédie qui a pris le nom de Lampedusa !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 7 octobre 2013.
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