Laissez-nous nos père et mère ! Laissez aux enfants leur berceau ! - France Catholique
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La justice de Dieu
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Laissez-nous nos père et mère ! Laissez aux enfants leur berceau !

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Aux nombreuses et tragiques conséquences qu’aurait la loi sur le mariage des « semblables » entre eux – et qui ont été fort bien analysées, décrites et condamnées par des auteurs de tous horizons et donc également issus de la mouvance dite homosexuelle, s’ajoute une « déviance » sémantique qui me paraît des plus insupportable. Je vénère ces mots : « mère » et « père » ; ils vont être remplacés par ces formules « parents 1 e 2 », à la fois ridicules, absurdes et en soi humainement sacrilèges parce que désorientantes (j’use de ce vocable sciemment, on verra plus loin pourquoi).

Il fut un temps où Harlem Désir, militant agité d’SOS Racisme, aujourd’hui parvenu au sommet du Parti socialiste lui-même en possession de tous les leviers du pouvoir en France, lançait le slogan inscrit sur des millions de petites images en forme de main : « Ne touchez pas à mon pote ». Eh bien, ne touchez pas aux noms qui désignent ma mère et mon père et dont se servent mes enfants lorsqu’il leur arrive de penser à nous qui leur avons ouvert les portes de la vie.

Nous sommes, ma femme et moi, père et mère de cinq enfants et grands-parents, pour l’instant, de dix petits-enfants. Ces derniers ont des frères et des sœurs, des oncles et des tantes, des cousins et des cousines qui tous peuvent, à des degrés divers, être considérés comme leurs « parents ». Va-t-on également leur affecter un numéro à tatouer sur leur avant-bras gauche ? Pourquoi pas sur leur front !

Dans la démarche de nos gouvernants actuels — j’insiste toujours sur le côté « temporaire » de leur pouvoir — j’observe une sorte de crispation aiguë qui, peut-être, découle de l’obscure conscience qui les habite du ridicule malsain de ce qu’ils proposent à la nation française : un acte de guerre civile par la loi. Ils savent — j’espère que ce savoir ira chez eux jusqu’au dégoût de ce qu’ils font — et ils ne peuvent que savoir combien sera probable l’irréversibilité de ces décisions qu’ils sont décidés à imposer à la majorité des Français afin de satisfaire une infime minorité d’entre eux, au pires des risques : qui sont civilisationnels.

On dit souvent que les jeunes gens d’aujourd’hui — en fait cela a commencé véritablement en 1968 — ont perdu leurs repères dans un monde désaxé, notamment le repère essentiel de la chronologie. Avec cette loi, ils vont perdre le plus précieux de leurs repères, celui de leur généalogie personnelle.

Que nos dirigeants temporaires outrepassent ce qui relève de leurs pouvoirs légitimes, plus restreints souvent que les légaux quoique davantage à observer scrupuleusement, c’est d’une telle évidence qu’il est impossible qu’ils ne l’aperçoivent pas (à moins d’être adeptes du laxisme moral et philosophique qui règne chez nombre de ceux que l’on nomme bizarrement des « bobos », leurs amis les plus fidèles). Qu’ils jouent avec ce qu’il y a de plus sensible, de plus intérieur à chaque couple procréateur, il est impossible qu’ils n’en aient pas conscience. Qu’ils s’opposent ainsi, obstinément, aveuglément, à tous ceux qui, de l’islam aux juifs, relient la paternité et la maternité à la volonté créatrice de Dieu, à tous ceux qui, des protestants aux catholiques en passant par chez les orthodoxes, relient leur vocation de donneurs de vie à la nature même du Dieu « père-mère » qui engendra le Verbe éternel désigné sous le nom de Fils infiniment fils, voilà qui passe l’entendement et me paraît, une fois encore, « impossible ».

Et ce qui me paraît encore plus impossible c’est qu’ils puissent s’obstiner à commettre une loi mauvaise, une loi perverse, une loi qui d’avance est reçue pour ce qu’elle est, un scandale c’est-à-dire un piège, un obstacle que l’on ne peut que vouloir, un jour, faire sauter parce qu’il est révoltant par nature.

Ces messieurs et dames qui nous gouvernent aujourd’hui laissent entendre que l’enfant serait « dû » à ces « semblables » parce qu’ils s’aiment, ce qui suffit, expliquent-ils avec une maladresse conceptuelle confondante, pour se vouloir dotés d’enfants par toutes sortes de moyens artificiels, sans doute pour mieux encore parodier le « mariage » des « complémentaires » en mesure de procréer : cela pourtant, et en outre, implique nécessairement que ce faux mariage de deux semblables soit comme étayé par des formules en elles-mêmes repoussantes : mères porteuses, interventions cliniques obligatoires, mendicité d’ovocytes et pourquoi pas clonages ?

Il faut nécessairement ajouter que le désormais fameux « parce qu’ils s’aiment » de madame Taubira contient la dangereuse possibilité prévisible qu’ils s’aiment non plus seulement à deux mais également à trois, quatre « ou plus si affinités »… On se retrouve-là à proximité du plus glauque qui soit parce que « pensable ».

Oui, je suis, à proprement parler, « scandalisé » par cette prétention de la « parentalité » qu’on ne saurait donner par soi-même dans un tel couple de « semblables » : si l’on désire accueillir chez soi un enfant, il convient que ce soit dans le strict respect de cet enfant. Je n’use pas du mot « droit » que pourrait plus tard brandir l’enfant en question, quoiqu’en effet tout enfant relève de la justice et donc bénéficie de « droits » : mais ici il s’agit de plus substantiel encore, il s’agit d’amour, non pas de que certains ont osé faire de ce mot sublime, il s’agit de l’amour tel qu’il fasse aller, notamment, jusqu’à donner sa vie pour l’aimé. L’enfant relève d’abord de l’amour que d’avance on lui témoigne, c’est-à-dire d’une volonté de don de soi que l’on est prêt à comprendre, à formuler, à accomplir.

Il est d’avance indigne de le considérer comme « objet » de cet amour, car il se trouve en son centre. Il ne relève pas d’une convoitise, par elle-même notion dérisoire et dérivante, perverse : non, il relève de la seule nature de l’amour. L’enfant, pourtant si totalement livré à ses père et mère, n’en est pas moins, dès sa conception, leur « alter ego », posté au centre de leur dialogue d’amour.

Aucun enfant n’est « dû », aucun enfant ne peut être considéré comme un « avoir ». Aucun enfant n’est « fait » pas plus que n’est « fait » l’amour. L’enfant est attendu comme un don gratuit de cet amour qui se construit naturellement entre l’homme et la femme, et donc de ce qui vibre au plus profond du père et de la mère, qu’ils le perçoivent ou non, qu’ils en aient conscience ou non, de ce qui s’élève invisiblement en cet homme et en cette femme qui se pensent mariés pour n’être plus qu’une sorte de « binité » inviolable : et qui se découvre soudain abritant en elle un petit d’être qui vient d’eux mais qu’ils savent déjà en marche pour aller plus loin qu’eux comme s’il devait à la fois les porter en lui tout en se détachant d’eux quoique sans jamais les oublier car il lui reviendra de les accompagner quand eux-mêmes l’auront laissé s’envoler vers son destin, si personnel qu’il est unique.

Certes, chacun progresse peu à peu au sein de ces vocables qui les disent, les définissent sans pour autant avoir été obligatoirement compris au départ de l’aventure : mais ces quelques propos révèlent à quel point tout enfant doit être accueilli comme le messager bienaimé d’un mystère qui les enveloppe tout trois au point de les recréer, consciemment ou non, que cela soit su comme ne l’étant pas, en une unité que le temps ne devrait pas pouvoir séparer tout en permettant à chacun de s’accomplir personnellement.

Évidemment, je rajoute pour moi — éventuellement pour ceux qui se retrouvent dans ce lieu inconnu mais déjà présent en nous tous, quoique hors de notre espace-temps, l’éden éternel —, que la foi en l’immortalité de l’être, en l’éternité du Dieu Trine c’est-à-dire Amour, facilite grandement la compréhension de ces quelques lignes.

Dominique Daguet