Laïcité et non laïcisme - France Catholique
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Laïcité et non laïcisme

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L’entretien du Pape à La Croix pourrait nous retenir longtemps, dans des directions diverses. Revenons un instant sur la laïcité, avec la formule qui a été la plus commentée : « La petite critique que j’adresserais à la France à cet égard est d’exagérer la laïcité. Cela provient d’une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière. Je crains que cette approche, qui se comprend par l’héritage des Lumières, ne demeure encore. La France devrait faire un pas en avant sur ce sujet pour accepter que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous. » Avec sa franchise habituelle, François ne craint pas d’appuyer là où ça fait mal, car il est vrai que la République française a toujours eu de la peine à se distinguer d’une tradition anti-religieuse militante, pour adopter une attitude prudentielle qui respecte la liberté de conscience, avec sa dimension religieuse.

Certes, de grands progrès ont été faits depuis les luttes du début du XXe siècle, mais il demeure des ambiguïtés. Le Pape souligne l’une d’entre elles avec sagacité, en soulignant l’importance de l’objection de conscience : « Une fois que la loi est votée, l’État doit respecter les consciences. Dans chaque structure juridique, l’objection de conscience doit être présente car c’est un droit humain. » Un droit qui se trouve mis en péril, périodiquement, par ceux qui n’admettent pas que la loi majoritairement votée puisse être contestée pour des raisons graves que l’État doit respecter, précise le Pape. L’ambiguïté réside ici dans la légitimité de la loi, que la seule légalité n’assume pas.

La distinction entre État totalitaire et État de droit ne s’établit pas seulement grâce aux vertus du régime représentatif, qui requiert délibération et décision à la majorité des voix. Cette distinction acquiert sa plénitude avec le respect rigoureux des consciences, dont l’ignorance ou le déni aboutissent à l’écrasement du libre arbitre et au mépris des convictions inhérentes à toute personne humaine. Il est singulièrement utile que le Pape rappelle ces principes au pays qu’il persiste à appeler « fille aînée de l’Église » tout en ajoutant avec un sourire qu’elle n’est pas « nécessairement la plus fidèle ».

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 mai 2016.