Malaise généralisé dans le pays. Déstabilisation de la classe politique et des partis eux-même. Une question partout posée : doit-on ou non parler de l’islam ? N’y a t-il pas danger de stigmatisation d’une partie de la population française ? Certaines réactions montrent que les sensibilités sont à vif. Un ancien conseiller de l’Élysée chargé de la diversité, décide de porter « l’étoile verte », une étoile qui sera distribuée à 600 000 exemplaires. Une étoile qui rappelle évidemment l’étoile jaune portée par les juifs durant l’occupation allemande.
En même temps, la conférence des responsables du culte en France, qui réunit l’ensemble des confessions religieuses — chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes — estime qu’il y a danger de confusion dans la situation trouble que nous vivons. Autrement dit, l’agitation autour de la laïcité n’est pas opportune, alors qu’il faudrait maintenir les conditions de la paix sociale.
Que les responsables religieux interviennent dans ce domaine n’est pas pour nous étonner. La laïcité, qui conditionne l’exercice de la liberté de conscience, n’est pas l’apanage des seuls politiques. Il y a tout avantage à ce que les religions établissent entre elles les meilleures relations possibles. Mais les déclarations d’intention ne suffisent pas. Il faut pouvoir convaincre l’opinion, qui, d’évidence, est très divisée sur ce genre de problèmes. Le cardinal Philippe Barbarin déclarait récemment à Jean-Pierre Elkabach sur Europe 1 : « Les Français se divisent en trois parties. Il y a ceux qui disent qu’il n’y a pas de problème, tout est simple. On vit ensemble. Nous sommes des frères (…) La deuxième rassemble ceux qui ont une peur panique, pensent qu’on a un couteau sur la carotide (…) Et il y en a une troisième qui dit que nous devons nous aimer, nous sommes un seul pays. »
Alors que faire ? Se cacher les difficultés serait illusoire. Mieux vaut les reconnaître et tenter de les résoudre ensemble, pour peu que nous soyons de bonne volonté. Il y a 15 ans, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, avait lieu le drame de Tibhérine. Un rassemblement s’est tenu à Lyon pour commémorer l’événement. Aux côtés de l’archevêque, des membres de la famille de Frère Paul, un des moines assassinés, il y avait les dignitaires musulmans de la ville. Ne voilà-t-il pas un très beau signe, qui nous parle fortement, d’une reconnaissance mutuelle, qui n’ignore rien et veut bâtir une vraie fraternité spirituelle ?
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 31 mars
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
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