Laïcat et peuple de Dieu - France Catholique
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Laïcat et peuple de Dieu

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On me permettra de quitter un instant notre actualité très politique, pour m’intéresser à une querelle sémantique de nature ecclésiale. Je relève, en effet, que l’évêque de Ratisbonne en Allemagne, lors du fameux Katholikentag qui est le congrès annuel des catholiques allemands, s’est prononcé contre l’emploi du mot « laïc » dans l’Église. Il préférerait que l’on parle de « chrétien dans le monde ». Selon Mgr Rudolf Voderholzer, le mot « laïc » ne serait pas apte à traduire directement la qualité propre aux chrétiens baptisés et confirmés. Il serait même discriminatoire, dès lors qu’il marquerait une trop grande séparation du laïcat par rapport au sacerdoce ministériel. Et de se réclamer de l’enseignement du concile Vatican II.

Précisément, cette référence me trouble un peu, car le mot « laïc » est bien présent dans les textes du concile et s’intègre d’ailleurs naturellement dans la théologie du peuple de Dieu qui se déploie notamment dans Lumen gentium. En grec, laos, d’où vient laïc, signifie très exactement le peuple. Il est vrai qu’il ne s’agit pas d’un peuple au sens politique du terme. C’est un peuple consacré. Peuple de prêtres, peuple de rois, assemblée des saints, peuple de Dieu, nous le chantons avec conviction. Laïc sans autre précision peut sans doute poser problème, mais je serais contrarié de son abandon, tant il semble intégré dans une très longue tradition.

En France, il existe une difficulté linguistique supplémentaire. Car il s’agit de faire la distinction entre le laïc et le laïque. Disons le militant attaché au principe d’une laïcité souvent idéologique. Je me souviens de la fureur d’un militant laïque notoire que l’on avait qualifié typographiquement de laïc, ce qui correspondait pour lui à une dénomination cléricale insupportable. Et puis je laisse de côté la querelle théologique sur les déviations possible d’une certaine conception du peuple de Dieu, jadis dénoncée par le cardinal Lustiger. Disons que le débat ouvert par l’évêque de Ratisbonne a le mérite de donner à penser.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 4 juin 2014.