Celui que les médias appellent « le polémiste » et qui n’est pas encore candidat fait face à un candidat qu’on peut dire de l’extrême gauche. Comme les deux ont des lettres et une culture historique, le débat va vers l’essentiel : qu’est-ce que la France ? Le polémiste affirme que « la France est née au baptême de Clovis ». Le contradicteur fait signe de l’index qu’il s’inscrit en faux contre cette affirmation. Les « experts » de l’émission qui sont censés corriger les erreurs des duellistes ne font aucune observation. Qui a raison ? Au baptême de Clovis, la France n’existe pas. Saint Remi baptise le roi des Francs et « trois mille guerriers avec lui », ce qui signifie l’élite du royaume. Le royaume des Francs devient donc un royaume chrétien, et « catholique », car il se distingue des autres royaumes chrétiens qui sont de l’hérésie arienne. Mais de ce baptême du roi sortira la France, cinq siècles plus tard, avec Hugues Capet et ses descendants.
La France, donc, n’est pas une « nation baptisée », mais une nation née du baptême du plus ancien de ses rois. Pour nous, l’ordre normal des événements a été inversé. Le petit homme naît à la vie naturelle, puis par le baptême, il accède à une nouvelle vie, celle de l’ordre surnaturel. Pour la France, le baptême a précédé la naissance. Mieux, le baptême a engendré la naissance. Le royaume de France, dans l’histoire, a donc une dimension particulière, spirituelle, que Jeanne rappellera : « Il est le royaume de Jésus-Christ. »
On a dit du baptême de Clovis qu’il était un « mythe fondateur ». Cette formule est dangereuse. Ce baptême a existé. Mais si sa date précise est discutée – 496, 499, 505 –, le fait n’est pas contesté. Ce n’est donc pas « un mythe », mais une réalité. Cette réalité est vraiment fondatrice, car, indiscutablement, un royaume en est sorti, qui existe encore aujourd’hui, mille cinq cents ans plus tard.