La Violence et le Religieux - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La Violence et le Religieux

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J’ouvre le dernier ouvrage d’Edgar Morin, ce très pertinent sociologue, que je lis depuis toujours, et je tombe sur cette phrase : « Une politique de l’humanité et une politique de civilisation ont également pour mission de lutter contre les préjugés racistes, religieux, xénophobes… » Ainsi le religieux est assimilé au même registre que le racisme et la xénophobie. Accident de plume ? Facilité de style ? J’ai trop d’estime et même d’amitié envers Edgar Morin pour engager contre lui un procès quelconque. Mais tout de même, il s’agit bien d’un amalgame, assez courant aujourd’hui, et que je ne puis m’empêcher de dénoncer avec énergie, en me référant au fait le plus évident. Qui, dans la période la plus récente, a agi avec le plus de détermination que les papes Jean Paul II et Benoit XVI en faveur de la paix et de la rencontre en profondeur entre les peuples ? Qui continue a provoquer colloques, rencontres, afin de surmonter les préjugés, notamment entre croyants ?

Il est vrai que du point de vue des idées, se déploie une dénonciation à l’encontre du monothéisme, que l’on soupçonne de ressembler aux totalitarismes. Ne réclamerait-il pas une sorte de monopole de la vérité ? On rappelle volontiers que dans l’Ancien Testament se dresse parfois la figure d’un Dieu « plein de cruauté, de fureur et d’ardente colère », qui réclame l’extermination de l’adversaire. C’est une thèse développée autant par des laïcistes de gauche, que par les représentants de la Nouvelle Droite, ces derniers, défendant la thèse d’un polythéisme ouvert à la pluralité des valeurs à l’encontre de l’intolérance biblique.

Des chrétiens ont parfois défendu ce point de vue, ou ont pu être impressionnés par lui, mais il n’est justifié que par une lecture fondamentaliste de certains textes. Il faut savoir lire la Bible avec discernement. René Girard nous y a aidés puissamment avec ses analyses sur la violence et le sacré, montrant précisément que la Bible permettait une sortie de la violence, y compris religieuse. Il faut lire à ce propos, l’ouvrage de son disciple Raymund Schwager, publié chez Flammarion sous le titre Avons-nous besoins d’un bouc-émissaire ?. Il s’agit d’une lecture très serrée de l’Ancien Testament qui montre comment la Révélation permet l’élucidation des relations violentes grâce a une prise de conscience de l’homme devant Dieu. C’est le judéo-christianisme qui nous a délivrés de la relation fatale du sacré à la violence.

Chronique lue sur Radio Notre Dame 8 mars 2011