La vie en abondance - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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La vie en abondance

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Dans l’Évangile, Jésus promet : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance (Jn, 10, 10). Cette assurance est la promesse la plus sublime et la plus consolante de ce côté-ci de l’éternité.

Quand tout va bien et que nous expérimentons les bénédictions du bonheur et de la bonne fortune, nous acceptons facilement l’enseignement. Jointe à une bonne santé, une famille normale et heureuse, et un travail raisonnablement sûr, la pratique sérieuse de la foi apporte un authentique sentiment de gratitude et nous incite à une plus grande dévotion et une plus grande générosité.

Mais lorsque l’on fait face à des difficultés familiales ou maritales, à l’insécurité de l’emploi ou à des problèmes chroniques de santé, on peut être tenté de douter de cette promesse du Christ. Comment est-il possible de vivre une vie d’abondance dans le Christ tout en supportant de grands chagrins et de grandes privations ? La plupart d’entre nous est tentée de perdre la foi dans de telles circonstances et la promesse de « vie en abondance » peut sembler un canular cruel. Une réponse intelligible est nécessaire.

Lorsque Saul tombe par terre sur la route de Damas, il entend la voix de Jésus : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Actes, 9, 4). Jésus règne dans la gloire céleste, pourtant le propos signifie clairement que Jésus Lui-même souffre lorsque les chrétiens sont persécutés. Saint Paul développera cet enseignement et établira clairement que Jésus n’est pas un propriétaire absent : « Parce que nombre d’entre vous ont été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Ga. 3, 27). Le Christ continue à demeurer parmi nous dans Son Église, Son Corps mystique. Saint Pierre nous encourage à réconcilier la souffrance et la vie d’abondance dans le Christ. Dans le Christ, la souffrance est élevée par la grâce et prend une nouvelle signification : « Si vous supportez patiemment la souffrance pour avoir fait ce qui est bien, c’est cela qui plaît à Dieu. Car c’est à cela que vous êtes appelés, puisque le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces. » (1 Pierre 2, 20-21).

Par conséquent, les membres souffrants du Corps mystique du Christ ont part à Sa souffrance rédemptrice. Cela nous aide à comprendre la déclaration plutôt surprenante de saint Paul selon laquelle il se réjouit de ses souffrances : « A présent, je me réjouis de ce que je souffre pour vous, et je vis dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ, pour le salut de Son Corps, qui est l’Église. » (Col 1, 24)

Lorsque nous souffrons, le Christ souffre avec nous dans Son Corps mystique, et nos souffrances participent à la signification donnée par le Christ sur la croix. Notre souffrance dans le Christ poursuit mystérieusement l’œuvre de rédemption.

Le Père n’est pas un tyran cruel. Dans le Livre de la Sagesse, on lit : « Dieu n’a pas créé la mort, et Il ne se réjouit pas de la perte des vivants. » (Sag. 1, 13). Considérez l’angoisse d’Abraham dans le livre de la Genèse lorsqu’il emmène son fils sur la montagne pour le sacrifice. Lorsque l’ange de Dieu retient le bras d’Abraham, le Seigneur révèle qu’Il ne se réjouit pas de l’angoisse d’Abraham. Il se réjouit de l’obéissance d’Abraham. Cependant, l’angoisse d’Abraham valide et magnifie la force de l’obéissance de sa foi.

Isaac, bien sûr, est une figure du Christ en tant que Fils, et Abraham est une figure du Père. Il est donc raisonnable de conclure que le Père ne se « réjouit » pas de la souffrance rédemptrice de Son Fils, pas plus que le Père ne se réjouit de notre souffrance. Le Père « se réjouit » de l’obéissance de Son Fils, obéissance qui n’est pas diminuée par la souffrance ni la mort elle-même. Le courage et la souffrance du Christ témoignent d’autant plus de la suprême excellence de Son obéissance envers le Père.

La qualité de Son obéissance est amplifiée par Sa liberté. Pendant Son procès, Il dit à Pilate : « Penses-tu que Je ne puisse pas faire appel à mon Père qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? » (Mt 26, 53). Jésus révèle immédiatement la raison pour laquelle il accepte la sentence de mort : « Mais alors, comment les Écritures s’accompliraient-elles, selon lesquelles il doit en être ainsi ? » (Mt 26, 53). Les Écritures s’accomplissent lorsque Jésus accepte volontairement Sa mort par obéissance en vue de notre rédemption et de notre salut.

Jésus nous invite à entrer dans le mystère de l’amour sacrificiel : « Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 13). Nous commençons à percevoir le mystère de la grandeur d’un tel amour dans nos propres expériences de vie. Lors de circonstances extrêmes, de bons parents risquent leurs vies pour leurs enfants, et il y a d’innombrables soldats, policiers et autres, qui risquent leurs vies non seulement pour leurs camarades mais aussi pour de complets étrangers. Même une culture hyper-sécularisée comme la nôtre célèbre la dignité de tels actes d’amour désintéressé.

Mais l’amour du Christ et la vie dans Sa grâce peuvent être perdus, c’est pourquoi Jésus enseigne : « Si vous gardez Mes commandements, vous demeurerez dans Mon amour, tout comme J’ai gardé les commandements de Mon Père et Je demeure dans Son amour. » (Jn, 15 10). L’obéissance et la souffrance qui l’accompagne souvent, démontrent que le courage, la conviction, et une conscience claire soutiennent la joie de vivre avec le Christ : « Je vous ai dit cela pour que Ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » (Jn 15, 11)

Le commandement le plus significatif entre tous est donné lors de la Cène : « Il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna en disant « Ceci est Mon Corps livré pour vous, faites ceci en mémoire de Moi ». » (Lc 22, 19). Notre obéissance, avec la grâce de Dieu, est récompensée par la Parole qui transforme la Chair, l’Eucharistie : la Sainte Communion, source et sommet de la vie chrétienne.

La « vie en abondance » du Seigneur purifie et élève tous les bonheurs et les chagrins terrestres. Si c’est une vie de courage, de conviction, de claire conscience et de communion avec Lui, avec notre chair sanctifiée par Son Corps et Son Sang, les plus sacrés. Il n’est jamais trop tard pour vivre de Sa vie en abondance, avec une espérance constante et une vraie joie.


Le Père Jerry J. Pokorsky est prêtre du diocèse d’Arlington. Il est curé de la paroisse Sainte Catherine de Sienne à Great Falls, Virginie.

Tableau : Crucifixion de Peter Gertner, 1537 [Musée Walters, Baltimore]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/05/28/life-in-abundance/