« La vie dévote » mode d’emploi - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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« La vie dévote » mode d’emploi

Publiée en 1609, l’Introduction à la vie dévote de saint François de Sales eut un succès considérable, qui ne s’est pas démenti depuis. Extraits.
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Le Bon Berger et saint François de Sales, 1658, Benoît Alhoste, monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse (Ain).

Le Bon Berger et saint François de Sales, 1658, Benoît Alhoste, monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse (Ain).

© Fred de Noyelle / Godong

Dévotion

La dévotion est la reine des vertus, puisqu’elle est la perfection de la charité ; elle est à la charité ce que la crème est au lait, la fleur à une plante, l’éclat à une pierre précieuse, et l’odeur au baume. Oui, la dévotion répand partout cette odeur de suavité, qui conforte l’esprit des hommes, et qui réjouit les anges (I, 2).

Messe

Faites donc tout ce que vous pourrez pour vous ménager le temps d’entendre tous les jours la sainte Messe, afin d’y offrir avec le prêtre, le sacrifice de votre rédempteur, à Dieu son père, pour vous et pour toute l’Église. Saint Jean Chrysostome nous assure que les anges y assistent en grand nombre pour y honorer de leur présence ce saint mystère. Nous ne devons donc pas douter qu’y étant unis avec eux en un même esprit, nous ne puissions nous rendre le Ciel propice, tandis que l’Église triomphante et l’Église militante entrent en société avec Jésus dans cette divine action, pour nous gagner en Lui et par Lui le cœur de Dieu son père, et pour nous mériter toutes ses miséricordes. Quel bonheur pour une âme que d’y contribuer quelque chose de sa part par une dévotion sincère et affectueuse ! (II, 14).

Confession

Retranchez de votre confession ces accusations superflues, dont plusieurs se sont fait une routine : je n’ai pas autant aimé Dieu que je le devais ; je n’ai pas prié avec autant de dévotion que je le devais ; je n’ai pas aimé mon prochain comme je le devais […]. Recherchez donc la raison particulière que vous avez de faire ces accusations qui ne sont que générales ; et lorsque vous l’aurez reconnue, accusez-vous de votre péché d’une manière simple et naturelle ; par exemple, vous vous accusez de n’avoir pas aimé le prochain comme vous deviez, c’est peut-être parce qu’ayant bien connu le grand besoin d’un pauvre que vous pouviez aisément secourir et consoler, vous avez omis ce devoir de charité : hé bien ! accusez-vous de cette particularité, et dites que vous ne l’avez pas secouru comme vous pouviez, ou par négligence, ou par dureté de cœur, ou par mépris (II, 19).

Douceur

Je vous le dis universellement parlant, ne vous fâchez point du tout, s’il est possible ; et jamais, pour quelque prétexte que ce soit, n’ouvrez votre cœur à la colère : « Car, nous dit saint Jacques, la colère de l’homme n’opère point la justice de Dieu« . L’on doit s’opposer au mal, et corriger les mœurs de ses inférieurs avec une sainte hardiesse, et avec beaucoup de fermeté ; mais ajoutez, avec une égale douceur et tranquillité : rien ne dompte davantage le feu d’un éléphant irrité, que la vue d’un petit agneau ; et rien ne peut mieux rompre le coup d’un boulet de canon, que la laine.

La correction que fait la raison toute seule, est toujours mieux reçue, que celle où la passion entre avec la raison ; parce que l’homme se laisse aisément conduire par la raison, à laquelle il est naturellement assujetti ; au lieu qu’il ne peut souffrir qu’on le domine par passion : or, c’est de là que quand la raison veut se fortifier par la passion, elle se rend odieuse, et elle perd, ou du moins elle affaiblit sa propre autorité, en appelant à son secours la tyrannie de la passion (III, 8).

Médisance

L’inquiétude, le mépris du prochain et l’orgueil, sont inséparables du jugement téméraire ; et il produit encore beaucoup d’autres effets pernicieux, entre lesquels la médisance qui est la peste des conversations, tient le premier rang. Ô que n’ai-je un des charbons du saint Autel, pour purifier les lèvres des hommes de toute leur iniquité, comme le séraphin purifia celles du prophète Isaïe, pour le rendre digne de bien parler de Dieu ! Certainement, si on avait banni du monde la médisance, on y aurait exterminé une grande partie des péchés (III, 29).

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Introduction à la vie dévote, saint François de Sales, éd. Spiritualité lexio, 2016, 544 p., 12 €.

Traité de l’amour de Dieu, François de Sales, éd. du Cerf, 2011, Coll. Sagesses chrétiennes, 1040 p., 40 €.

Anthologie spirituelle, François de Sales, textes choisis et présentés par Max Huot de Longchamp Artège, 2022, 408 p., 8,90 €.