La vertu d’humanité - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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La vertu d’humanité

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Baptistère de Padoue. Fresques au plafond du XIVe s. par Giusto de Menabuoi.

Baptistère de Padoue. Fresques au plafond du XIVe s. par Giusto de Menabuoi.

© Fred de Noyelle / Godong

Oui, décidément, cette période de confinement et de grande tension morale peut être propice à la réflexion sérieuse. Bien sûr, il y a aussi possibilité d’évasion à travers une littérature conçue pour cela. Mais l’épreuve est souvent envisagée pour elle-même. C’est ce que faisait hier, avec sa hauteur de vue habituelle, Jacques Julliard dans son carnet mensuel du Figaro. C’est notre humanité qui est en cause, expliquait-il, philosophiquement, en disputant la notion de nature humaine qui ne relève sûrement pas du naturalisme style écolo et qui ne saurait être dépassée par on ne sait quel transhumanisme. « Aucun fonctionnalisme social, aucune doctrine utilitariste n’est capable de rendre compte du geste accompli par chaque médecin, chaque infirmière, chaque brancardier pour sauver la vie de son semblable, fût-ce au risque de la sienne. »

Oui, la vertu d’humanité rend vraiment compte de ce qu’il en est de notre humanité. Et si Pascal professait que l’homme passe infiniment l’homme, sa transcendance apparaît déjà dans ce dévouement sans limite, cet amour de l’autre absolu. Julliard ose ajouter que le seul exemple de transhumanisme digne de ce nom qu’il connaisse « c’est la figure du Christ sur la Croix ». Oui, l’interrogation sur l’énigme que nous sommes à nous-mêmes nous renvoie à la réponse que nous offre l’Évangile, donc Jésus mort et ressuscité.

Mais cette dimension religieuse invite aussi à la réflexion approfondie et au discernement. Ainsi mon intervention d’hier m’a valu une interpellation que je ne saurais éluder. En opposant la miséricorde divine à une conception janséniste du Salut, n’ai-je pas ignoré certains avertissements célestes, ceux des apparitions mariales, qui font référence explicite à la colère de Dieu ? Pour répondre à une telle objection, il faudrait sans doute un traité complet de théologie qui ferait appel aux grands docteurs du christianisme. En un mot, je dirais que le Ciel peut rappeler à l’ordre une humanité qui s’enferme dans le déni de sa vocation divine. Mais de là à envisager un châtiment divin qui s’en prendrait notamment aux plus faibles et aux plus démunis, non ce n’est pas possible. Est-ce saint Thomas d’Aquin qui enseignait que « Dieu est sans idée du mal » ? Une expression digne d’être soigneusement interrogée.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 31 mars 2020.