Le procès de la tuerie de Charlie Hebdo a donné lieu à des récits poignants de la part des rescapés, qui ont fait revivre, avec leurs mots, la tragédie du 7 janvier 2015. L’événement s’est gravé dans nos mémoires, mais il fallait que l’horreur fut dite devant la justice des hommes. Nous avons tous réagi sur le moment avec nos sensibilités. Je me souviens encore de mon état d’esprit, l’après-midi où je devais réagir ici-même pour exprimer mon émotion. Le mot d’ordre « Je suis Charlie » n’était pas encore lancé, et je m’interrogeais sur mes sentiments à l’égard d’un journal qui n’était pas du tout de ma paroisse, et dont certaines provocations grossières m’avaient exaspéré. Mais je regrettais de ne plus pouvoir exprimer mon désaccord avec des gens que l’on avait assassiné, et qui, du coup, me devenaient complètement fraternels. Et puis je n’avais pas que de mauvais souvenirs. Il y avait des rédacteurs que j’aimais bien, comme Philippe Lançon à la mâchoire fracassée ou Bernard Maris à la tête explosée.
La vérité c’est que l’ennemi avait réglé ses comptes et qu’avec lui, il n’y avait pas de quartier. Il ne nous laissait aucune possibilité de discussion ou d’atermoiements. Ce qu’il voulait, c’était nous imposer son règne de terreur. Ses réseaux avaient l’ambition de conquérir la planète. Ils sont toujours à l’œuvre, au Proche Orient, en Afrique de l’Ouest, chez nous, toujours. Le gouvernement n’est-il pas en train d’élaborer une loi contre le séparatisme civilisationnel qui sévit dans « les territoires conquis de l’islamisme », pour reprendre le titre du livre de Bernard Rougier. Puisse ce procès raviver pleinement notre conscience !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 10 septembre 2020.
Pour aller plus loin :
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