On ne peut s’en étonner, puisque c’était dans le programme du candidat Macron : nous avançons à grands pas vers la procréation médicalement assistée ouverte à toutes les femmes. Un rapport émanant de la mission d’information parlementaire avance soixante-dix propositions qui devraient fournir le contenu de la révision des lois de bioéthique. Il est qualifié d’audacieux par Le Monde et n’hésite pas à clamer ses intentions : « Il s’agit de choisir la société dans laquelle nous vivrons demain, de dessiner la condition humaine à laquelle nous consentirons à nous soumettre et l’humanité que, tout à la fois, nous voulons transformer. » On ne peut s’y tromper. L’humanité qu’il s’agit de transformer est confiée à la toute-puissance de la science et de la technique et son apparent volontarisme est conditionné par cette prédominance.
Dès lors, il n’y a plus de limite concevable à cette mise à disposition de notre humanité. L’interdit de la procréation post-mortem sera levé ainsi que celui sur le double don des gamètes. On n’en est pas encore à légaliser la GPA, autrement dit les mères porteuses, mais sa perspective n’est pas improbable puisque le rapport invite à observer, « ce qui se passe dans les pays qui l’autorisent de façon très encadrée et totalement altruiste. » Autant dire qu’elle constituera la prochaine étape des réformes dites sociétales, dans l’esprit de l’idéologie progressiste dont la majorité parlementaire actuelle se réclame.
Voilà qui pose un sérieux problème de conscience. Le président de la République, dans son discours fameux des Bernardins, avait signifié aux catholiques que leurs convictions morales seraient respectées. Pourquoi alors ce choix de Jean-Louis Touraine comme porte-parole du projet bioéthique de la République en marche ? Ce professeur de médecine est un militant extrémiste. Partisan déclaré de l’euthanasie et auteur d’une proposition de loi qui aboutirait à une sorte de nationalisation du corps des défunts. Cela nous donne une idée de la philosophie très particulière d’un militant qui s’inscrit dans un mouvement de pensée sans doute à la mode mais redoutable pour ceux qui se font une conception de l’humanité fidèle notamment à la tradition judéo-chrétienne.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 janvier 2019.