La grande multinationale française Michelin vient de trouver une solution qui semble particulièrement adaptée aux gens trop éprouvés par les routes difficiles de la vie moderne : le pneu qui se régénère. L’industriel a mis au point une technologie très spécifique qui crée de nouvelles sculptures sur le pneu au fur et à mesure qu’il s’use. Ainsi les vieux routiers pourront espérer éviter les dérapages intempestifs et les écarts dangereux.
Semée de tracas, de contrariétés, d’embûches, d’angoisses devant les impasses et les murs de la réalité économique et sociale, et de fatigues diurnes et nocturnes entre les écueils de l’animosité et de la courtisanerie, la vie quotidienne des dirigeants politiques est, sinon un enfer, du moins un purgatoire qu’on ne souhaiterait pas à son pire ennemi. Elle emprunte des itinéraires périlleux qui nécessitent à la fois une prudence qui n’est pas donnée à tous et, sans doute aussi, un équipement qu’on ne saurait pas non plus négliger.
Si dans sa créativité permanente, la maison Michelin avait déjà pu mettre au point un modèle de pneu adapté aux scooters souvent utilisés en zone urbaine – par exemple, un exemple inspiré presque au hasard par une actualité toute récente, entre la rue du Faubourg Saint-Honoré et la rue du Cirque à Paris – cela aurait peut-être pu faciliter la vie d’un certain François Hollande, dirigeant intermittent, dont on vient de découvrir qu’il était devenu un adepte assidu de ce type de trajet court mais furtif et donc probablement rapide et risqué, analogue à celui d’un livreur de pizza en goguette. Et cela aurait peut-être apaisé les inquiétudes et les crispations d’un voisin travaillant Place Beauvau, chargé de la police, le très sérieux M. Manuel Valls, qui aurait comparé la conduite de son camarade à celle d’un « adolescent attardé », à en croire un hebdomadaire satirique.
Avec des instruments de conduite « régénérés », éviterait-on les sorties de route, les pertes de contrôle de soi et des autres, sinon les carambolages superflus jusque dans les étages des immeubles, et les constats scabreux effectués par des photographes professionnels de la curiosité déplacée ? Qui sait ? Mais l’ennui, c’est qu’après tout cela, l’utilisateur du scooter présidentiel vient d’annoncer devant la Presse internationale qu’il allait exonérer les entreprises des cotisations familiales d’ici la fin de son bail rue du Faubourg Saint-Honoré, à l’échéance 2017. Il est vrai que la vie de famille semble être le cadet de ses soucis.
Denis LENSEL