Cela n’a pas l’air d’aller très bien pour le président des États-Unis d’Amérique. Une rapide revue de presse permet de se rendre compte de la solitude de l’homme de la Maison-Blanche. Le 4 novembre prochain, se dérouleront les élections pour renouveler une partie du Congrès, et, selon la plupart des observateurs, elles risquent d’être cruelles pour Barack Obama. Les candidats de son propre parti se détourneraient du Président, afin de se protéger du discrédit qui est le sien. Partout critiqué sur sa politique sociale et internationale, il vaut mieux se distinguer de lui pour avoir quelque chance d’être réélu. Plusieurs livres viennent de paraître d’anciens collaborateurs qui sont sans pitié pour l’homme qu’ils ont pourtant servi. Il manquerait de leadership, il serait irrésolu dans les situations critiques, au moment précis où il faudrait faire preuve d’autorité.
Pourtant, il est un point sur lequel Barack Obama ne saurait être accusé de faiblesse. C’est celui de la lutte contre l’immigration. 438 421 personnes ont été reconduites à la frontière pour l’année 2013, 20 000 de plus que l’année précédente, 51 000 de plus qu’en 2011. Depuis le début de la présidence, plus de deux millions de sans-papiers ont été expulsés, bien plus que pendant les deux mandats du républicain George Bush Junior. Cela a valu à Obama le surnom d’« expulseur en chef » de la part des organisations hispaniques de défense des immigrés.
Si l’on songe à l’élection triomphale du premier président noir américain, on apprécie le contraste. Rarement un politique n’avait bénéficié d’une telle aura nationale et internationale. Je me souviens, sur le moment, d’avoir conçu de l’appréhension pour l’intéressé. Les espoirs mis en lui paraissaient trop démesurés pour ne pas décevoir après l’épreuve pratique du pouvoir. Avant lui, John Fitzgerald Kennedy avait bénéficié d’une ferveur analogue. Kennedy, par sa mort tragique à Dallas, a peut-être évité de vivre la même mésaventure. En dépit des révélations qui ont terni sa réputation, il demeure une sorte de légende vivante qui s’identifie au rêve américain. Il est vrai qu’Obama n’est pas encore en bout de course. Saura-t-il dépasser son discrédit actuel ? L’histoire n’est pas encore tout à fait écrite.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 octobre 2014.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ