Chaque année, la Semaine sainte intervient dans la vie chrétienne, non comme la perpétuelle répétition d’un cycle, mais comme la délivrance suprême où l’humanité voit s’ouvrir le sens de sa destinée. Le temps du salut débouche sur l’événement décisif de la Croix, qui bouleverse toutes les coordonnées. Non, l’homme n’est pas un être enfermé dans la fatalité de la mortalité, car la mort a été vaincue en même temps que le péché. C’est par l’Incarnation du Fils que cela s’est produit, conformément à l’intention du Dieu Trinité qui concerne l’humanité. Réfléchir à cela est proprement vertigineux, mais le génie du christianisme consiste à mettre à la portée de tous ce mystère où s’approfondit toute l’intelligence théologique. Des Rameaux à la veillée pascale, la liturgie se déploie, de façon à la fois saisissante et touchante pour que le peuple chrétien accède à la réalité tangible du sacrifice offert et de la victoire du Ressuscité.
Il y a sans doute dans la culture humaine de multiples médiations qui permettent d’accéder à une prise de conscience supérieure de notre condition. Mais aucune n’est à la mesure de la Semaine sainte et de son déploiement symphonique qui a inspiré nos plus grands artistes. Même si nous nous sentons humbles écoliers à l’étude de la Révélation, et si nous avons besoin de l’exemple des saints pour approcher des exigences de la sainteté, nous n’en sommes pas moins conscients que l’espérance nous est offerte à tous. Le langage de la Passion, même s’il se traduit pour les plus grands, telle une sainte Bénédicte-Thérèse de la Croix, par une science suprême, est un mode de reconnaissance accessible à tous, notamment dans les plus humbles processions du Vendredi saint, où la représentation du plus grand événement de l’histoire humaine est perceptible à tous les cœurs, même de ceux qui n’ont pas appris dès l’enfance l’alphabet de la foi.
C’est bien pourquoi la Semaine sainte est le moment béni de notre année, celui où nous comprenons le mieux le sens de notre vie que Dieu est venu consacrer en donnant la preuve du plus grand amour.
Pour aller plus loin :
- Le rite et l’homme, Religion naturelle et liturgie chrétienne
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité