La scène du crime - France Catholique
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La scène du crime

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Revenons un instant sur ce qu’on pourrait appeler « la scène du crime ». Elle a, en l’espèce, une certaine importance, puisqu’elle a provoqué une intense émotion, des gloses à l’infini et même des rebondissements. Cela se passait le 25 octobre dernier, à Angers à l’occasion de la visite de Christiane Taubira.

Comme c’est l’habitude depuis des mois, les militants de la Manif pour tous, interpellent la ministre avec leurs slogans bien connus. Mais voilà : un journaliste a repéré qu’il s’était produit quelque chose d’anormal, avec un groupe d’enfants traitant la ministre de « guenon ». Il fallait vraiment un témoin direct pour repérer l’incident, car il serait presque indiscernable sur la vidéo correspondante, si l’on n’avait inscrit sur les images les propos insultants. Inutile de rappeler les conséquences, avec l’orchestration énorme et la réprobation qui tombe, par-delà le dérapage d’une fillette, sur sa famille. Une famille accusée, à l’Assemblée nationale de porter toute la responsabilité de ce dérapage, comme si on avait inculqué à cette enfant une culture délibérément raciste.

Dans le cas d’un tel emballement médiatique, il est quasiment impossible de maîtriser les choses. On revient rarement sur la cause originelle et la scène primitive. Les parents sont donc condamnés, par principe et sans vérification. C’est une injustice ! Car si l’on s’informe un peu, on constate que ces parents sont catastrophés par ce qui leur arrive et que, loin d’approuver leur fille, ils lui ont demandé d’écrire une lettre d’excuse à Christiane Taubira. Ce qu’elle a fait sur le champ. La lettre n’a pas été expédiée aussitôt, le père et la mère préférant attendre que les choses se calment.

Il faut ajouter au dossier la démarche de François Morel, chroniqueur à France Inter qui avait traité la fillette de « petite conne » sur l’antenne, et qui s’est ravisé par la suite, prenant conscience qu’il avait été un peu loin : « Tu as onze ans et j’en ai cinquante-quatre (…) tu es un enfant et je suis un adulte. » Eh oui, il faut faire très attention en pareille situation. Et le mieux est souvent de traiter concrètement sur place avec les intéressés, pour remettre les choses en place, admonester, faire comprendre. Pourquoi ajouter l’injustice à l’opprobre réelle ? Une question pour finir : Christiane Taubira répondra-t-elle à la lettre d’excuse de la fillette contrite ?

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 20 novembre 2013.