La sainte Croix grandeur nature - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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La sainte Croix grandeur nature

Depuis quatre siècles, au plus profond de la Bavière, se joue et se rejoue le récit de la Passion du Christ. À découvrir jusqu’en octobre.
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© Arno Declair

Oberammergau, 5 500 habitants, au cœur des Alpes bavaroises. Village typique de la Bavière, avec ses façades de chalets peintes de sujets religieux ou folkloriques – la « Lüftlmalerei » –, d’où pendent à chaque balcon des fleurs chatoyantes.

Tous les dix ans

Oberammergau connut au XVIIe siècle, outre les drames de la guerre de Trente Ans, un autre drame : la peste. Nous sommes en 1633. En ce temps, on avait la foi. Le bourgmestre et ses échevins jurent que si la peste, qui ravage alors les alentours et a fait son apparition à cause d’un voyageur lépreux, épargne habitants et village, ils joueront une Passion du Christ « tous les dix ans ». Incroyable vœu, bien dans l’esprit de l’époque.
Mais la Providence les prend au mot : il n’y aura aucune contamination ! La promesse a été tenue sans discontinuer depuis. Quatre siècles de fidélité à Jésus !

Ici, la ville ne connaît pas de problème avec la laïcité, le Christ est partout. Oberammergau, qui abrite une école de l’OTAN, se transforme en hiver en station de ski de fond. Toute l’année, prospèrent menuisiers et ébénistes, et les crèches d’Oberammergau – bois naturel ou peint – sont réputées. Le dimanche, nombreux sont ceux qui se rendent à la messe en tenue bavaroise.

Jouée initialement au cimetière, la Passion d’Oberammergau gagna progressivement en notoriété. Si bien qu’en 1930, on construisit un théâtre en dur pour recevoir de mieux en mieux un public toujours plus nombreux. Il compte aujourd’hui… 4 500 places, abritées sous un dôme ! Jouée du mois de mai jusqu’à début octobre, la pièce comprend 124 représentations, programmée chaque week-end – et davantage en été. Premier constat : la salle est comble.

Deuxième constat : les superlatifs sont de mise ! Sublime, exceptionnel, superbe. Répété un an avant, mis en scène par Christian Stückl, sur un livret du XIXe siècle étoffant le narratif des Évangiles, remanié par l’actuel metteur en scène, et sur une musique et des chants, composés en 1811, remaniés par Markus Zwink et Otto Huber, le spectacle mobilise à chaque représentation plus de 2 100 acteurs, artistes, techniciens et bénévoles, tous
d’Oberammergau, pour un spectacle de cinq heures en deux parties. Ce « Puy du Fou » bavarois nous plonge fidèlement 2 000 ans plus tôt dans la Palestine et le drame du procès et de la mort du Christ, suivis de la joie de la Résurrection. Seules les petites têtes blondes rappellent que l’on est bien en Bavière.

Retrouvez l’intégralité de l’article dans le magazine.

EN FRANCE

Des Passions à ne pas manquer

Au nombre de Passions jouées, la France est largement battue par l’Allemagne, l’Italie ou l’Autriche. Six Passions théâtralisées existent cependant, concentrées autour de mars-avril, jouées à Paris, Amiens, Loudéac (Bretagne), Sainte-Pazanne (Pays-de-la-Loire), Nancy et Masevaux (Alsace)

« La Passion de Ménilmontant » est la plus célèbre, jouée depuis 1932 à la suite du vœu d’un saint prêtre salésien, animateur du patronage de Menilmontant (XXe arrondissement), le Père Julien Dhuit.

Elle revient de loin. Révoquant unilatéralement en 2019 le vœu de 1932, la Maison salésienne a fermé le théâtre, obligeant la troupe amateur de Ménilmontant à se réfugier en 2022 à la crypte de l’église de Saint-François-d’Assise, 16 rue du Général Brunet, 75019 (prochaines représentations du 11 mars au 2 avril 2023, www.lapassion.fr. Des Passions qui méritent vraiment d’être nettement plus soutenues qu’elles ne le sont par les diocèses comme par le public français.  C. E-D.