La sagesse est du genre neutre - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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La sagesse est du genre neutre

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Il est très intéressant que le Livre de la Sagesse 1 personnifie la Sagesse Divine comme féminine : « car elle est une aura de la puissance de Dieu, une manifestation de la gloire du Tout-Puissant. » Maintenant, ce choix de l’écrivain sacré, sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, n’est pas ce que l’on attendrait d’une société patriarcale où seuls les hommes étaient scribes, instruits dans la Loi et sa sagesse. Ce choix n’est manifestement pas un hasard et par lui-même il nous révèle quelque chose de la Sagesse Divine et de la sagesse en général.

La compréhension biblique de ce qu’est la sagesse est très différente de ce que le monde de manière générale entend par sagesse, et cela est vrai tout spécialement quand il est question de Sagesse Divine. La sagesse ne doit pas être confondue avec l’enseignement universitaire, pas même avec la sagesse de l’Académie fondée par Platon. La sagesse de la Bible est fondée sur la Parole de Dieu et participe de la Providence même de Dieu.

Elle est bien plus que le savoir terrestre de l’homme le plus avisé du monde. En Dieu, la Sagesse est la Providence de Dieu à l’œuvre dans ce monde, bien au-delà de la compréhension humaine normale. L’homme participe à la Sagesse Divine par une contemplation aimante de la Parole de Dieu, car, comme le dit Saint Thomas d’Aquin, « cela dénote une certaine rectitude de jugement dans la contemplation et la consultation des choses divines. » Pour cette raison, Thomas d’Aquin traite de la sagesse dans son enseignement sur la Charité.

Cela explique peut-être pourquoi Marie est le Trône de la Sagesse, car personne ne s’est conformé plus qu’elle à la Parole Divine. Elle, qui n’avait presque certainement reçu aucune érudition, a été capable de pénétrer les mystères de Dieu et de Sa Providence en raison de sa foi profonde et de son immense charité qui a éclairé à la fois sa foi et son intelligence.

La personnification de la Sagesse Divine en personnage féminin peut, en première instance, nous diriger vers cette mystérieuse relation entre la première conception du Verbe/Sagesse dans l’âme de Marie et la conception plus glorieuse de ce même Verbe dans ses entrailles, comme le dit Augustin. Mais c’est également un rappel aigu que la Sagesse de Dieu ne peut absolument pas être assimilée à la sagesse de l’homme, cette sagesse humaine que le monde païen a tendance à voir comme un attribut masculin. Le changement de genre nous aide à éviter cette confusion et les nuisances qu’elle occasionne dans notre manière de penser.

« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, non plus que mes chemins ne sont pas vos chemins », dit le Seigneur (Isaïe 55:8). L’Homme a désespérément besoin d’éviter l’erreur tout à fait destructrice de confondre son propre bon sens rationnel avec la Sagesse transcendante qui a créé toutes choses et conduit toutes choses vers leurs finalités propres. La Sagesse transcendante vient d’en-haut et est la source de tout ce qui existe, y compris les aptitudes rationnelles et le jugement propres à l’homme. Sans cette Sagesse suprême venue d’en-haut, l’homme finit inévitablement par marcher dans les ténèbres, les ténèbres créées par son propre péché.

Quelle chose surprenante que la participation humaine à la suprême sagesse de Dieu ne soit pas limitée aux intelligents et aux instruits : « Je te remercie, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché ces choses aux sages et aux savants et de les avoir révélées aux tout-petits. » (Matthieu 11:25) Cette Sagesse suprême est potentiellement accessible à tous ceux qui croient profondément, aiment Dieu profondément et prient sans relâche avec ferveur. Elle n’est pas réservée aux riches ou aux savants, et elle est « du genre neutre », comme toutes les choses surnaturelles, où « il n’y a ni mâle ni femelle » (Galates 3:28). Tout chrétien ayant eu un père ou une mère profondément croyant et priant le sait d’expérience, indépendamment du niveau d’instruction du dit parent.

Mais encore plus surprenant finalement, quand le Verbe/Sagesse de Dieu s’est fait chair et a résidé parmi nous, Il n’a pas été accueilli à bras ouverts et Il a fini crucifié, scandale pour les Juifs comme pour les Païens. Comment cela pouvait-il arriver s’Il était vraiment « l’aura de la puissance de Dieu et une manifestation de la gloire du Tout-Puissant » ? La réponse de Son Épouse (l’Église) est simple ; Il a été rejeté et crucifié « pour nous les hommes et pour notre salut », pour accomplir par Sa passion ce qu’Il n’avait pu accomplir par Son enseignement, la conversion des hommes.

Mais encore bien plus étonnant, surprise, surprise, ce n’est pas du tout la défaite de la Sagesse, mais son triomphe ultime. Dieu a pris sa revanche sur Satan et démontré l’absolu pouvoir de Sa faiblesse, et la vraie grandeur de son pouvoir souverain, en changeant ce qui était à vue humaine la plus grande défaite de Dieu en Sa plus grande victoire. La Sagesse est visible dans l’œuvre de la providence divine, et notre participation à cette Sagesse, notre sagesse, est d’être capable de juger toutes choses à la lumière de Sa victoire sur le péché et la mort.

Ce renversement de situation effectué par la Sagesse Divine se poursuit tout au long de l’histoire de l’Église, débutant avec la mort et la résurrection du Verbe/Sagesse Incarnée. Le péché des hommes ne peut pas contrecarrer ce plan divin, il peut seulement rendre plus merveilleux la façon dont Dieu transforme continuellement la défaite en victoire. C’est comme assister aux miracles de la création, encore plus merveilleux dans la victoire de la Rédemption.

En sus de ses victoires, qui sont très, très nombreuses n’en doutons pas, l’Église essuie défaite après défaite tout au long de son histoire, parfois en raison de la malignité du monde, souvent en raison seulement de notre stupidité et de notre péché. Mais ce ne sont jamais des défaites totales et irrémédiables, et la sagesse chrétienne, la sagesse de Marie, peut toujours détecter la rédemption attendant son heure au sein de ces catastrophes apparentes.

Ainsi donc, nous chrétiens ne perdons jamais espoir. Quoi que les hommes puissent faire qui s’attaque à l’Église et à sa mission, nous croyons profondément que Dieu fera surgir la victoire de sa défaite. C’est comme lorsqu’au foot une passe décisive et désespérée apporte la victoire que l’on n’attendait plus, mais en bien plus fort et vrai, ce qui ne manque jamais de nous émerveiller et nous garde remplis de cette joie que nul ne peut nous ravir.

Le père Mark A. Pilon, un prêtre du diocèse d’Arlington (Virginie) a obtenu un doctorat en Théologie Sacrée de l’Université de la Sainte-Croix à Rome. Il a tenu la chaire de théologie systématique au séminaire de Mount St Mary. C’est un ancien collaborateur du magazine Triumph et un ancien professeur (et encore professeur détaché) à l’école supérieure Notre-Dame, à Christendom College.

Illustration : Sophia, la Sagesse Divine, icône ukrainienne due à un artiste inconnu (vers 1812)

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/11/22/wisdom-is-gender-neutral/

  1. Ndlt : En français, le mot sagesse est toujours du genre féminin ; dans la Bible, il est du genre masculin quand il désigne la sagesse humaine et du genre féminin quand il désigne la Sagesse Divine.