La Révolution est née dans la révocation des lois - France Catholique
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La justice de Dieu
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La Révolution est née dans la révocation des lois

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Parfois il suffit de trois lignes écrites par un ami, fut-il à 5.000 kilomètres, pour ressentir une joie pure et sainte, et de se dire qu’il n’est pas inutile de se battre à coups multipliés de pauvres mots indigents et lancés dans les airs comme d’invisibles bouteilles à la mer : depuis novembre mes neurones se sont surtout concentrés sur ce combat nécessaire, dont l’un des enjeux est la sauvegarde de toutes les familles, le bien des enfants à naître, rien d’autres ici que leur droit enfin et pleinement reconnu de vivre et non d’être anéantis ; leurs droits d’être entourés d’un vrai père, d’une vraie mère et non déclaré dès sa naissance orphelins de père ou de mère ; leur droit d’être éduqués par ceux qui les ont donné la vie et non par des ministres aux mœurs peut-être répréhensibles, des éducateurs idéologisés, tous soumis aux modes du temps comme aux loufoqueries éventuelles de hauts-fonctionnaires distingués… La confiance ne peut plus être accordée automatiquement.

Que m’écrit Fernand ? Qu’il est d’accord avec ce que je dis, avec ce que je fais, si laborieusement que ce soit. Il est un grand poète donné à notre langue par le Québec qui est aussi celle de nos cousins là-bas…

« Cher Dominique, je suis toujours tes écrits dans France Catholique. On est vraiment gouverné par une bande de déracinés. À la fois sur le plan de la conscience religieuse et de la conscience culturelle.

» Imagine que je continue mon travail d’écriture poétique à près de quatre-vingt-trois ans. N’est-ce pas ridicule ? Alors, lorsque je vois que des cours en anglais seront donnés en France dans certaines universités, j’ai l’impression, comme Québécois, de recevoir de la part de ma propre mère un coup de couteau dans le dos, ou dans l’esprit.

» Décidément l’état de notre monde actuel va faciliter ma mort. Le quitter sera moins pénible.

» Amicalement,

Fernand »

Il y a trois heures, Natacha m’a révélé que le président Hollande, au cours d’une visite dans un lycée, avait prononcé un discours aux élèves qui le fréquentent et dans ce discours lancé le mot « résistance », victime selon lui d’une indignité, car ce mot était interdit d’usage depuis la dernière guerre, surtout quand il s’agit « de défendre de ces idées » que je défends, que nous sommes pourtant des millions à défendre, « et qui d’ailleurs, a-t-il ajouté, ne sont même pas des idées ! ».

Ah, quel coup de coup de pied de l’âne en pleine figure ! Réveillons-nous, Français, nous ne combattons pas avec les mêmes armes que cet homme et ces complices.

Je n’ai aucun mépris pour lui, quoiqu’il emploie des arguments assassins : il ne peut en effet qu’être un pauvre parmi les pauvres, un errant balbutiant dans les labyrinthes d’un Pouvoir dont il ne saisit pas la nature ni les dangers : ni les mérites ni les abîmes, et pas plus découvrir à quel point il n’est qu’une marionnette entre des mains expertes dont la seule caractéristique est qu’elles sont occultes.

Il démontre par l’évidence qu’il ne sait rien, qu’il ne comprend rien à tout ce qu’ont écrit les écrivains de ce bord, parfois chrétiens, parfois non ; les journalistes chrétiens de France Catho, des Manants du Roi, du Salon beige, des chroniqueurs de KTO et des nombreux autres petits médias où ils se retrouvent nombreux ; les membres du Collectif de la « Manif-pour-tous », les évêques de France accompagnés de nombreux théologiens ; les philosophes parfois de droite, parfois de gauche, les penseurs juifs et musulmans qui ont fait chorus avec nous tous ! Cet homme-là, comment voudriez-vous qu’il puisse être coupable des énormités qu’il nous a sorti depuis qu’il a été élu par un peuple aveuglé et rendu sourd ? Il est incapable d’apprendre ce qu’il pourrait découvrir s’il était en mesure d’appréhender ce qu’est une « idée » comme celle que nous défendons, la seule dignité de l’être tel qu’il a été conçu : par Dieu le Père, Fils et Esprit-Saint pour nous qui sommes disciples du Christ, par Dieu l’Unique pour les juifs et les musulmans ; par le hasard selon des athées soucieux d’expliquer pourquoi il est si grand quoique effaçable du vieux grimoire dont ils ne savent guère décrypter les énigmes et les hiéroglyphes malgré la multitude de leurs connaissances …

Dignité si éminente qu’elle nous ôte tout pouvoir de ravir sa vie à l’un quelconque des membres de nos familles ; de l’atteindre et de le blesser, en ses faiblesses comme en ses forces !

Je suis, depuis ces trois heures fatidiques, comme assommé, anéanti. Cet homme-là, qui a reçu tous les symboles de la puissance, nous a rejetés d’un mot définitif dans la fosse des abrutis à croire nous approcher du monde des idées alors que nous ne sommes que des ahuris possédés par des hallucinations. Nous nous battons pour des chimères et n’avons aucun droit sur ce mot qui est la justification même de notre bataille. Pour résister il faut exister ; pour exister il faut être muni d’un passeur d’idées, c’est-à-dire ce que nous croyons être des idées qui chez nous ne sont que des faux-semblants.

CQFD, nous n’existons pas.

Ce qui m’afflige c’est la perte de tout sens. Hollande a pour nous aboli la signification des mots homme et femme, renvoyé au néant le mot race, subtilisé le mot résistance ! Dernier coup, il a supprimé l’existence des idées. Platon ne s’en relèvera pas !

Nous avons cru œuvrer pour constituer, à nous tous, un corpus d’idées, une somme de concepts complémentaires les uns des autres et vice-versa, non pour bâtir une idéologie nouvelle mais au contraire pour abattre l’idéologie qui nous résume en seulement trois vocables redoutables : corps (unique), animal (seulement), sexe (à tout va). Des féministes de sa loge ont affirmé que tout prétendu humain commence par n’être personne : non pas « une » personne, mais nulle personne tant qu’il n’aura point traversé les étangs des diverses comptines serinées par les assistantes des nouvelles « Petites Écoles » substituées à celles qu’autrefois on nommait maternelles… ; subi les interventions des pédagogues de la Rue de Grenelle et les leçons calibrées que doivent leur réciter les nouveaux professeurs ; écouté jusqu’à en vomir les émissions les plus engagées de France-culture et les débats non moins orientés de France Inter ; absorbé les vagues d’informations déferlant des micros de France Info, non sans avoir également applaudi les spectacles pourfendeurs des antiques transcendantaux1, des vertus éternelles, des valeurs qui ne sont pas républicaines !

Oui, cet homme a raison, nous sommes incapables de le suivre en sa démence royale, et nous n’en avons nul désir. L’ennui est qu’il ne saura jamais ce que nous voulons dire puisque nous ne savons, dit-il, appréhender parmi les idées que celles qui n’en sont pas, exprimer des pensées qu’indignes d’être enseignées. Etc..

Oui, et cœtera… (ou « et caetera », comme on voudra, expressions qui nous laisse nous débrouiller avec « le reste »…) mais il me faut ajouter, car enfin ce pauvre homme est un être humain, dont la dignité transcende les actes, même si les actes qu’il commet nuisent grandement à ce caractère sacré de cet « être qu’il est » indubitablement

L’être humain, homme ou femme donc, ne se réduit pas à ses actes : au point que des criminels convertis ont été portés sur les autels ! Même si ce qui est dit ou fait révèle quelque chose du naturel de l’être, une part essentielle du mystère de l’humanité reste cachée à nos regards les plus perspicaces et nous nous devons (comme nous le lui devons) de tenir compte de cet essentiel voilé dont Dieu seul détient les clefs.

Réflexion que l’athée naturellement jugera absurde, tant il est enfoncé dans ce que dénonçait Albert Camus lorsqu’il a abordé ce sujet afin de tenter, malgré son désespoir, une sortie par la lucarne du toit. Mais l’athée a bien moins d’arguments à déposer sur le seuil de la Raison pour affirmer le « non-être de Dieu » que les croyants notamment chrétiens pour affirmer, plus encore que son « être », sa Présence. Je le dis en passant mais il est frappant de voir agir les athées dans notre pays : par tous les moyens dont ils disposent, puisqu’ils nous gouvernent et gèrent nos affaires, ils cherchent à nous imposer le silence, à nous dissocier de la part qu’ils détiennent dans le peuple : c’est ainsi qu’aujourd’hui le peuple français est littéralement cisaillé ! Cela est flagrant dans le domaine des spectacles et œuvres diverses diffusées par les gras et gros médias.

J’en discutais il y a quelques minutes avec Claude-Henri Rocquet et nous sommes tombés d’accord en nous inquiétant du côté « mécanistique » de la vision de l’homme sans cesse discernable dans ces œuvres, parfois épatante formellement parlant, mais désespérantes sur le plan spirituel. C’est évidemment une forme de dictature culturelle profondément inacceptable2.

Je reviens au respect dû à l’être : je connais la raison première – peut-être unique raison – qui fonde ce respect : les athées se contentent de la relative grandeur de l’homme, qui n’existe que parce qu’il serait plus avancé que les bêtes sur la voie de la complexification, tandis que le croyant ose plonger au cœur de l’éternité, cette demeure de Dieu.

J’ajouterais encore que je focalise, d’instinct, sur ce qui me heurte, m’insupporte, me scandalise : mais je laisse cependant le jugement au Seul qui puisse le prononcer.

Enfin une remarque annexe qui concerne la loi qui me et nous arrête, nous choque au plus haut point : c’est à propos, une nouvelle fois, de savoir si elle est réversible ou non : je commence par l’acte de naissance de la République. Qu’a-t-elle fait pour naître ? Elle a balayé par la terreur, les massacres, les chasses à l’homme, le régime qui s’appuyait sur tout un appareil de lois : et ces lois ont été déclarées abolies et remplacées par un autre dispositif légal. Légitime ? La réponse à cette question dépend du point de vue adopté…

Cette seule remarque efface d’un coup de gomme magique toutes les réflexions qu’avancent les députés socialistes et avec eux quelques-uns tirés du Centre et de l’UMP : comme s’ils préparaient le terrain de l’abdication des promesses faites aux manifestants qu’elle serait abrogée. Merveille que l’esprit des politiques, qui souvent n’a pas grand-chose à voir avec l’esprit de la Politique.

Mais j’espère bien que les membres du Collectif entendront les demandes de ceux qui ont donné du poids à leur projet, soit cette multitude de manifestants. Gardons en mémoire le geste de Laurent Wauquiez montrant de sa main la photographie de l’Esplanade des Invalides tout en disant « La Police ? Vous pensez que cette multitude ne comporte que cent cinquante mille personnes ? »

Oui, la République est née dans la négation des lois, qui fut imposée par la terreur. Cela suffit à interdire à nos ministres de suivre leur Président quand il feint de s’indigner que l’on ose réclamer une telle abrogation, alors qu’en 2005 il la réclamait pour supprimer le CPE… Il ne suffit pas d’être une tête de linotte pour se comporter en amnésique, ce qui est commode pour multiplier les coups de force. L’un des derniers est le fichage des officiers catholiques de la Grande Muette.

Sous la IIIe République, le Gouvernement, fortement inspiré déjà par le Grand Orient de France, avait ordonné de ficher tous les officiers de l’armée française qui allaient régulièrement à la messe : ils furent alors mis au placard… Aujourd’hui, un officier désireux de faire carrière a tout intérêt à fréquenter le Grand Orient plutôt que d’aller à la messe.

Notre République rêverait-elle de renouveler l’exploit, qui avait au début du XXe siècle provoqué un immense scandale…

Le démon, quand il tient les rênes, notamment par le mensonge, oriente vers l’abîme les imprudents qui se confient à lui… Le problème ici c’est que tout un pays est emporté comme juché sur un cheval fou, tel celui d’un poème allemand traduit par Gérard de Nerval… L’arrivée a lieu dans un cimetière.

Le parallèle s’impose avec ce qui advint de tout cela au début de la Grande Guerre : les officiers en poste appartenaient aux Loges, ce qui ne les préservait pas de la nullité. Ce fut le désastre…

  1. Quand on dispose d’un Michel Ribes, il faut s’en servir. Quel autre anticatho plus ringard ?
  2. Claude-Henri préférait le mot « garagistique » : qui côtoie sans difficulté le mot que j’avais suggéré.