CITE DU VATICAN, 15 AVR 2011 (VIS). La Salle de Presse du Saint-Siège a publié hier dans l’après-midi le communiqué suivant sur la IV réunion plénière (11-13 avril, Vatican) de la Commission que le Pape Benoît XVI a instituée en 2007 pour réfléchir sur les questions les plus importantes concernant la vie de l’Eglise catholique en Chine.
Après la réunion, les participants ont adressé un message aux catholiques chinois.
« 1. Mus par l’amour pour l’Eglise en Chine, par la douleur pour les épreuves que vous êtes en train d’affronter, et par le désir de vous encourager, nous avons approfondi notre connaissance de la situation ecclésiale à travers une vision panoramique de l’organisation et de la vie des circonscriptions ecclésiastiques de votre pays. Nous avons constaté le climat général de désorientation et d’anxiété pour l’avenir, les souffrances de certaines circonscriptions dépourvues de pasteurs, les divisions internes des autres, la préoccupation d’autres encore qui n’ont pas de personnel ni de moyens suffisants pour affronter les phénomènes d’urbanisation croissante et de dépeuplement des régions rurales.
Cette lecture a permis de constater une foi vivante et une expérience d’Eglise, capables de dialoguer de façon fructueuse avec les réalités sociales de chaque territoire.
2. Nous appelons les évêques ainsi que leurs prêtres, à se conformer davantage encore au Christ Bon Pasteur, à faire leur possible pour que leurs fidèles en manquent pas d’un enseignement de la foi, à encourager le travail juste et à s’efforcer de construire des lieux de culte et d’éducation dans la foi là où ils manquent, pour former de solides communautés chrétiennes. Nous invitons les pasteurs à prendre soin de la vie des fidèles avec un engagement nouveau et enthousiaste, en particulier par l’enseignement essentiel de la catéchèse et de la liturgie. Nous exhortons les pasteurs à enseigner aux prêtres, par leur exemple, à aimer, à pardonner et à être fidèles. Nous invitons aussi les communautés ecclésiales à continuer de proclamer l’Evangile avec une ferveur toujours plus intense, alors que nous remercions Dieu avec eux pour les baptêmes d’adultes qui auront lieu lors de la fête de Pâques ».
3. Nous nous sommes arrêtés en particulier sur certaines difficultés apparues récemment dans vos communautés.
En ce qui concerne le triste épisode de l’ordination épiscopale de Chengde, le Saint-Siège, sur la base des informations et des témoignages parvenus jusqu’ici, n’a pas de raisons de la considérer comme invalide, tout en la considérant comme gravement illégitime, parce qu’elle a été conférée sans mandat pontifical, et cela rend également illégitime l’exercice du ministère. Nous sommes aussi attristés parce qu’elle a eu lieu après une série de consécrations épiscopales consensuelles et parce que les évêques consacrant ont subi différentes contraintes. Comme l’a écrit le Saint-Père dans sa lettre de 2007 : « le Saint-Siège suit avec un soin particulier la nomination des Évêques, étant donné que cela touche le cœur même de la vie de l’Église, du fait que la nomination des Évêques de la part du Pape est la garantie de l’unité de l’Église et de la communion hiérarchique. Pour cette raison, le Code de Droit canonique (cf. canon n. 1382) établit de graves sanctions soit pour l’Évêque qui confère librement l’ordination épiscopale sans mandat apostolique, soit pour celui qui la reçoit: une telle ordination représente en effet une douloureuse blessure à la communion ecclésiale et une grave violation de la discipline canonique. Lorsqu’il concède le mandat apostolique pour l’ordination d’un Évêque, le Pape exerce sa suprême autorité spirituelle: autorité et intervention qui demeurent dans le strict domaine religieux. Il ne s’agit donc pas d’une autorité politique qui s’introduirait de manière indue dans les affaires intérieures d’un État et qui en léserait la souveraineté (n.9) ».
Les pressions et les contraintes extérieure peuvent faire que l’on n’encoure pas automatiquement l’excommunication. Toutefois, elle reste une blessure dans le corps ecclésial. Tout évêque impliqué est donc tenu d’en référer au Saint-Siège et de trouver une façon d’éclaircir sa situation auprès des prêtres et des fidèles, en professant à nouveau sa fidélité au Souverain pontife, pour les aider à surmonter leur souffrance intérieure et pour réparer le scandale extérieur. Nous sommes proches de vous dans ces moments difficiles. Nous invitons les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs à comprendre les difficultés de leurs évêques, à les encourager et à les soutenir par la solidarité et la prière ».
4. A propos de la VIII Assemblée nationale des Représentants catholiques, les paroles du Saint-Père sont, une fois encore, éclairantes: « Considérant » le dessein originel de Jésus « , il apparaît évident que la prétention de certains organismes, voulus par l’État et étrangers à la structure de l’Église, de se placer au-dessus des Évêques eux-mêmes et de guider la vie de la communauté ecclésiale ne correspond pas à la doctrine catholique selon laquelle l’Église est apostolique, comme l’a aussi rappelé le Concile Vatican II… Même la finalité déclarée des dits organismes de mettre en œuvre les principes d’indépendance et d’autonomie, d’autogestion et d’administration démocratique de l’Église est inconciliable avec la doctrine catholique (n.7) ».
5. L’élection des Pasteurs pour le gouvernement des nombreux diocèses vacants est une urgence et, en même temps, source de profonde préoccupation. La commission exprime la ferme espérance d’éviter de nouvelles blessures dans la communauté ecclésiale et demande au Seigneur la force et le courage pour toutes les personnes impliquées. Il faut tenir compte, à ce sujet, de ce que le Pape Benoît XVI a écrit: « Le Saint-Siège aimerait être entièrement libre de la nomination des Évêques ; considérant donc le récent chemin particulier accompli par l’Église en Chine, je souhaite que l’on trouve un accord avec le Gouvernement pour résoudre certaines questions concernant soit le choix des candidats à l’épiscopat, soit la publication de la nomination des Évêques, soit la reconnaissance – avec les effets civils dans la mesure où ils sont nécessaires – du nouvel Évêque de la part des Autorités civiles ». Nous faisons nôtres ces souhaits et regardons l’avenir avec crainte: nous savons qu’il n’est pas totalement dans nos mains et nous lançons un appel pour que les problèmes ne se multiplient pas et que les divisions ne se creusent pas au détriment de l’harmonie et de la paix ».
6. L’examen de la situation des circonscriptions ecclésiastiques a fait apparaître diverses difficultés à propos de leurs délimitations. C’est pourquoi, il est apparu nécessaire de tenir compte du changement de conditions, en respectant la norme ecclésiastique et en tenant compte de ce qui est dit dans la Lettre du Pape aux catholiques de Chine: « Je souhaite confirmer que le Saint-Siège est disponible pour une discussion à ce propos dans un dialogue ouvert et constructif avec l’épiscopat chinois et, si cela s’avère utile et opportun, avec les autorités gouvernementales.
7. Nous avons enfin discuté de la formation des séminaristes et des religieuse, en Chine comme en dehors… Nous avons noté avec satisfaction que les communautés catholiquesen Chine organisent en leur sein des initiatives ayant pour objectif la formation.
8. Nous souhaitons que le dialogue sincère et respectueux avec les autorités civiles aide à surmonter les difficultés actuelles pour que les relations avec l’Eglise catholique contribuent également à l’harmonie de la société.
9. Nous saluons avec joie la nouvelle que le diocèse de Shangai puisse ouvrir la cause en béatification de Pablo Xu Guangqi, qui s’ajoute à celle du Père Matteo Ricci, S.J.
10. La prière sera d’une grande aide pour dépasser les situations difficiles de chaque communauté. Diverses initiatives pourront être organisées pour vous aider à renforcer votre communion dans la foi en Jésus, notre Seigneur et votre fidélité au Pape afin que l’unité soit toujours plus profonde et visible entre vous.
11. Au cours de la rencontre qui a eu lieu après la réunion plénière, Sa Sainteté a reconnu le désir d’unité avec le Siège de Pierre et avec l’Eglise universelle que les fidèles en Chine en cessent de manifester malgré de nombreuses difficultés et blessures. La foi de l’Eglise, exposée dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, doit être défendue même au prix de sacrifices. Elle est le fondement sur lequel les communautés catholiques en Chine doivent grandir dans l’unité et la communion ».
OP/ VIS 20110414 (1360)