Un vote solennel sur la loi « confortant les principes républicains » doit avoir lieu aujourd’hui, au terme de 135 heures de discussion qui se sont étalées sur un mois. Nous ne sommes pas pour autant au terme du processus législatif, puisque le Sénat est encore appelé à délibérer sur le texte, qui risque par ailleurs, pour plusieurs de ses articles, d’être soumis à la censure du Conseil constitutionnel. Le moins qu’on puisse dire, au terme de cette étape, c’est que le jugement sur le travail accompli est pour le moins mitigé. On peut se demander si vraiment le but initial, la lutte contre le séparatisme islamiste, a trouvé ses modes d’action adéquats. Certains en doutent fortement et leurs motifs ne sont nullement négligeables.
Mais je voudrais à nouveau concentrer mon attention sur une question de fond, concernant les relations du politique et du religieux. En effet, on est passé des mesures urgentes à prendre à l’encontre de l’islamisme à un réexamen général des lois qui réglementent l’exercice de certaines libertés fondamentales, en premier lieu la liberté religieuse. Au point d’alerter les responsables catholiques, protestants et juifs sur les dangers d’une mise en surveillance de l’exercice des cultes. Ceci a pu donner lieu au retour à l’expression d’un anticléricalisme assez rance, mais surtout à un dangereux débordement qui met en cause le principe de l’autonomie des religions, notamment dans le sanctuaire de leurs convictions.
La République se doit de défendre scrupuleusement les conditions de la liberté de conscience avec les exigences du bien commun. Elle n’a pas à mettre en question la loi de Dieu. La loi des hommes suffit amplement à sa tâche.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 février 2021.