Faut-il que les chrétiens soient les premiers à jeter un cri d’alarme sur le drame que vit en ce moment la République centrafricaine ? Sans aucun doute, puisque les informations que nous recevons depuis Bangui nous viennent de l’épiscopat de ce pays, qui s’exprime d’autant plus qu’il est le seul à pouvoir le faire, en disposant des réseaux de l’Église catholique. Dans un pays livré à la guerre civile et à des exactions sans fin, le mot d’État, a fortiori d’État de droit, ne signifie plus rien. Il faut lire l’exposé très détaillé des faits sur le site de la Conférence des évêques de France : « Jamais, on n’a connu sur notre terre un conflit aussi grave dans son ampleur et dans sa durée. Jamais aucun trouble militaro-politique ne s’était disséminé avec autant de violences et d’impacts sur l’ensemble de notre territoire. Jamais une rébellion ne nous a drainé une aussi forte présence de combattants étrangers. Jamais une crise ne nous a fait courir un aussi grave risque de conflit religieux et d’implosion du tissu social. »
Les évêques de République centrafricaine détaillent les exactions insupportables dont tous les habitants sont victimes, chaque jour, avec des troupes qui « peuvent impunément tuer, violer, piller, saccager, incendier des maisons, des greniers, des villages entiers, en représailles à la légitime défense opposée par les populations ». Le recrutement d’enfants soldats est aussi dénoncé par les évêques qui se déclarent, en se référant à l’apôtre Paul, « terrassés mais non anéantis », et puisent leur énergie dans leur foi inflexible.
Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, était, avant-hier, l’hôte de l’épiscopat français. Pour la fête de saint Pierre et de saint Paul, le pape François lui remettra son pallium d’archevêque. Comment exprimer la profondeur de la solidarité qui devrait être la nôtre avec les chrétiens et les habitants de ce pays francophone ? Nos liens avec les Églises d’Afrique sont de plus en plus serrés et visibles avec la présence de prêtres africains nombreux sur notre territoire. J’ai connu ainsi un prêtre grièvement blessé venu se soigner dans un hôpital spécialisé et qui nous avait offert le service magnifique de son ministère. Ces Églises sont d’une étonnante vitalité, mais elles sont aussi souffrantes. Nous avons l’impérieux devoir de faire savoir leur détresse, pour que leurs populations martyrisées soient enfin protégées et délivrées.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 26 juin 2013.