Selon Le Quotidien du peuple en ligne du 20 décembre, « la communauté chrétienne de Chine a condamné la soi-disant Église de Dieu tout-puissant et a demandé aux croyants du pays de rester vigilants face aux influences sectaires ».
En fait, ces propos émanent de Kan Baoping, secrétaire général du Conseil chrétien de Chine, autrement dit la courroie de transmission du parti communiste auprès des protestants. D’ailleurs, ledit Kan Baoping a félicité la police pour la répression menée contre ce mouvement qui surfe sur l’apocalypse style calendrier maya ; 500 personnes ont été ainsi arrêtées.
De son côté, le Global Times, un tabloïd suivant la ligne du Quotidien du peuple, s’en est pris le même jour aux Occidentaux qui décèlent une « peur de la religion » dans les réactions du gouvernement de Pékin à l’égard des sectes alors que celui-ci « s’est occupé avec douceur [de] la plus grande d’entre elles », le Falun Gong — tout le monde connaît en réalité le caractère impitoyable des opérations dirigées contre elle. Il faut dire que l’Église de Dieu tout-puissant s’en prend ouvertement au « Grand Dragon rouge », ainsi qu’elle désigne le Parti communiste !
Au-delà des problèmes posés par certains groupes, les autorités issues du 18e congrès du parti communiste semblent persévérer dans la même voie à l’égard des religions, qui ne peuvent exister légalement que si elles sont entièrement contrôlées. Gare, donc, à qui manifeste son indépendance. C’est ainsi que les catholiques viennent de connaître une énième avanie : l’évêque auxiliaire de Shanghai vient d’être officiellement révoqué, le 12 décembre, cinq mois après avoir été installé à la fois par Pékin et par Rome. Le pouvoir communiste n’a pas craint de reprocher à Mgr Ma Daqin d’avoir enfreint les règlements relatifs aux ordinations épiscopales. En réalité, il n’a pas admis que le nouvel évêque se soit arrangé pour ne pas se faire imposer les mains par un autre évêque non reconnu par le Vatican. Surtout, le prélat avait annoncé qu’il démissionnait aussitôt de l’Association patriotique des catholiques chinois, autre courroie de transmission du parti.
Au Vatican, Mgr Savio Hon Tai-fai, secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples — et originaire de Hongkong —, a fait savoir que « Mgr Ma Daqin demeure à son poste d’évêque auxiliaire de Shanghai » et que les mesures prises à son encontre, nulles de plein droit, ne font qu’apporter « une division inutile dans le pays ». Quant au cardinal Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hongkong, il s’est indigné en ces termes : « Ils démettent Mgr Ma ! Mais pour qui se prennent-ils ? Pensent-ils qu’ils peuvent aussi démettre le pape ? » Le titulaire du siège, le cardinal John Tong-hon, rappelle que, pour les communistes, « l’athéisme est leur foi, leur religion ».
Précisons enfin que l’on demeure sans nouvelles de l’influent, habile et courageux Mgr Jin Luxian, l’évêque de Shanghai reconnu par Pékin et par Rome et qui, âgé de 96 ans et très malade, semble écarté de son diocèse. Il y a un an, il avait déjà dû voir partir un premier auxiliaire, Mgr Xing Wenzhi, qui ne plaisait pas non plus aux autorités qui l’avaient nommé…
Pour aller plus loin :
- Eglise du Vietnam : Résistance à la répression et renouveau
- Ouverture du Synode pour le Proche Orient
- 9e rapport de l'AED sur la liberté religieuse dans le monde : liberté religieuse, visage authentique de la paix
- Mgr Sako (Irak), au Parlement européen: « Renvoyez-nous un peu de votre liberté religieuse ! »
- Inde : L’Œuvre d’Orient condamne fermement la répression de la manifestation à New Delhi