La reine de la nouvelle évangélisation - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La reine de la nouvelle évangélisation

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Tout ce qu’on a besoin de savoir sur Notre-Dame de Guadalupe se trouve dans le superbe livre pour enfants éponyme, écrit et illustré par Tomie dePaola – comment Notre Dame est apparue à une humble indien chichimeca, Juan Diego (Cuauhtlatoatzin) sur le mont Tepeyac, alors qu’il faisait un trajet de plusieurs kilomètres en terrain accidenté pour assister à la messe quotidienne à la mission franciscaine. Apparaissant telle une princesse chichimeca enceinte, elle a promis son tendre amour maternel : « Je donnerai Dieu aux gens, avec tout mon amour personnel, toute ma compassion, toute mon aide, toute ma protection : parce que je suis vraiment votre Mère miséricordieuse, à vous et à tous les peuples qui vivent unis dans ce pays, ainsi qu’à tous les autres peuples de différentes ascendances, que j’aime, qui m’aiment, ceux qui me cherchent, qui me font confiance. Ici j’entendrai leurs pleurs, leurs supplications et je guérirai leurs chagrins, leurs épreuves et leurs souffrances. » Elle avait une tâche à confier à Juan Diego : faire savoir à l’évêque qu’elle voulait qu’un sanctuaire soit construit sur ce mont. Naturellement, il était réticent, mais comme témoignage elle lui enjoignit de porter des fleurs de la colline – qu’il trouva effectivement même si ce n’était pas la saison des fleurs et qu’il rassembla dans son grossier manteau, une tilma. Quand cet homme simple se vit finalement accorder une audience par son évêque, il laissa tomber les fleurs de sa tilma, ce qui révéla une image d’une étonnante beauté imprimée sur le vêtement, celle de la charmante princesse qui lui était apparue. (Les anciennes chroniques disent que Juan Diego n’avait pas seulement rassemblé des roses mais des fleurs de toutes sortes et que les couleurs de l’image reflétaient celles de ces fleurs.) Le livre de dePaola est à peu près complet, mais ne donne pas toutes les belles citations de Notre-Dame. Paru en 1980, il ne pouvait pas non plus relater plusieurs faits importants pour la piété personnelle : que l’Eglise a reconnu Juan Diego comme saint et que aujourd’hui 12 décembre est la fête de Notre-Dame de Guadalupe pour toutes les Amériques, par une proclamation de Saint Jean-Paul II le Grand. Le tissu d’une tilma est un peu comme du jute ; sans une couche d’apprêt, on ne peut rien peindre dessus, et ce tissu se désagrège normalement très vite dans la chaleur et l’humidité du climat mexicain. Mais l’image exposée à « La Villa » dans la ville de Mexico, maintenant vieille de presque 500 ans, est toujours aussi fraîche. Il n’y a pas d’apprêt, pas de pigment, pas de coups de pinceaux – les couleurs surgissent apparemment d’une forme inexpliquée d’iridescence. La tilma n’a pas été abîmée, même quand de l’acide a été renversé dessus par mégarde, ou quand une bombe avec vingt-sept bâtons de dynamites a sauté tout près. Avec une fréquentation estimée de vingt millions de visiteurs par an, c’est le lieu de pèlerinage catholique le plus fréquenté au monde. Quand j’y suis allé en pèlerinage avec ma famille, un fils avec qui j’avais lu le livre de dePaola à plusieurs reprises a vu l’image et a dit tout haut, pensivement : « ah, ainsi c’est vrai ». Oui, nous sommes tellement tentés de « ne pas croire de joie » (Luc 21:41) que cela nous aide d’aller sur place et de voir, concrètement, quelque chose qui semble « trop beau pour être vrai ». Toute notre foi est ainsi. Comme pour prouver encore ce point, considérons le miracle que Dieu a opéré pour la canonisation de Juan Diego. D’abord, dans les mois précédant la béatification (1990), différents érudits se sont présentés et ont argumenté qu’il n’y avait aucune preuve solide que Juan Diego ait jamais existé. Ces érudits, représentant une opinion minoritaire, ont obtenu une place de premier plan dans les médias, bien que l’Eglise ait mené une enquête sérieuse et exhaustive, concluant que la tradition était digne de foi. Pour le dossier, le principal argument contre était que les chroniques écrites de l’époque sont muettes sur l’image et le miracle durant les cent ans suivant l’événement. Mais il reste plein de preuves le corroborant. De plus, le silence a une explication, puisque l’évêque et les missionnaires se battaient avec la difficulté de déterminer quand les conversions étaient réelles. La religion chichimeca n’était pas roses et violettes, et certains pratiquants aimaient utiliser des images chrétiennes en couverture. La circonspection était justifiée. Mais Dieu a procuré un contre-argument efficace à ces sceptiques. Un homme de vingt ans de l’état de Queretaro au Mexique, un drogué du nom de Juan José Barragan Silva, avait eu une querelle avec sa mère, Esperanza, et avait menacé de se suicider. Il s’est poignardé et a tenté ensuite de se jeter du haut d’un immeuble. Sa mère a attrapé ses pieds mais n’a pas su tenir. L’homme est tombé d’une hauteur de près de 12 mètres directement sur la tête (selon un angle de 70 degrés, dit le rapport), heurtant le pavé. Alors qu’il tombait, la mère a prié Juan Diego et Notre-Dame, « donnez-moi une preuve… sauvez mon fils ! Et vous ma Mère, écoutez Juan Diego. » Il a été transporté d’urgence à l’hôpital Durando avec le crâne brisé et des vertèbres écrasées, sur le point de mourir. Pourtant son corps a guéri inexplicablement et spontanément. Il est sorti de l’hôpital trois jours plus tard, en pleine santé. Cette chute et la prière de la mère ont eu lieu le 6 mai 1990 au moment même où le pape Jean-Paul II célébrait la messe de béatification de Juan Diego dans le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe à Mexico. Un miracle extraordinaire, trop beau pour être vrai ? Sans doute, mais cependant vrai. guadalupe01.jpg Le pape Jean-Paul II a prié ainsi lors de sa première visite au sanctuaire, en 1979, avec une subtile référence à la théologie de la libération : « ô Mère, fortifie la foi de nos frères et sœurs laïcs, si bien que dans tous les champs de la vie sociale, professionnelle, culturelle et politique, ils puissent agir en accord avec la vérité et la loi apporté à l’humanité par ton Fils en vue de conduire chacun au salut éternel et en même temps rendre la vie sur terre plus humaine, plus digne de l’homme. » Amen.
— – Michael Pakaluk, spécialiste d’Aristote et ordinaire de l’Académie Pontificale Saint Thomas d’Aquin, est professeur à l’école Bush d’économie et de commerce de l’Université Catholique d’Amérique. Il vit à Hyattsville (Maryland) avec son épouse Catherine, également professeur dans le même établissement, et leurs huit enfants. Illustrations : « la Vierge de Guadalupe » par Miguel Gonzalez, vers 1698 [musée d’art du comté de Los Angeles] Plus bas : la tilma, actuellement exposée dans la basilique Notre-Dame de Guadalupe à Mexico Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/12/12/queen-of-the-new-evangelization/