La recherche d'une grande pensée - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La recherche d’une grande pensée

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L’autre soir, le démographe Hervé Le Bras se moquait des militants de la Manif pour tous, trouvant leurs prétentions idéologiques médiocres, en tout cas très inférieures aux idées de Mai 68 qu’il résumait à l’enseigne de l’anti-autoritarisme. Reprenant une formule de Marx il assurait que le Mai 2013 des opposants au mariage pour tous n’était qu’une parodie très inférieure de ce qui s’était passé autrefois, l’histoire lorsqu’elle se répète dégénérant de la tragédie à la farce. Je n’ai pas été du tout convaincu par ce discours très partisan, qui tenait plus de la satire que d’une réflexion sérieuse. Il y manquait peut-être ce minimum d’empathie sans lequel il n’est pas possible de saisir autrui, ce qu’il a dans la tête et dans le cœur. J’ai un tout autre sentiment à écouter et comprendre les intéressés, ce à quoi je n’ai d’ailleurs aucun mérite, parce que je me retrouve moi-même dans ce qu’ils tentent d’affirmer.

Il y a fondamentalement dans tout cela une affaire de culture. Là-dessus, je ne transigerai pas, me réclamant de tous ceux qui m’ont instruit, formé et n’ont cessé de m’inspirer. À ceux qui m’opposent les raffinements de la théorie du genre, je répliquerai qu’une pensée qui se réclame des sources bibliques, de la Tradition chrétienne avec, par exemple, ses désinences augustiniennes, n’est pas médiocre du tout. Je ne dirai pas qu’elle est supérieure, parce que ceux qui tentent aujourd’hui d’en traduire la force et l’intelligence ne sont pas forcément en forme et qu’il leur manque parfois un soupçon de génie. J’ajoute que nombre de courants modernes, explicitement athées trouvent paradoxalement leur origine chez Augustin, un Augustin sans la grâce, bien sûr.

Mai 1968 a souvent bafouillé, utilisant des concepts inadéquats, ne sachant pas trouver son ton propre. Il arrive à Mai 2013 de ne pas être toujours heureux dans son expression, mais il consonne avec de grandes pensées, celles qui permettent à l’humanité de se comprendre et de se dépasser. Non, il n’est pas vrai que c’est la biologie qui sépare les pros et les anti mariage gay, c’est une perception de notre humanité commune. Il n’y a pas seulement une différence des sexes, il y a une signification du corps et de la chair, de la masculinité et de la féminité qui nous renvoie au secret dans l’apparence, celui qui permet au mystère de l’amour de naître et de grandir.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 30 mai 2013.