Il fallait bien que l’abcès crève un jour! Qui a raison entre la police et les syndicats dans l’évaluation des cortèges de manifestants contre le projet de loi sur les retraites? L’écart des chiffres est tellement vertigineux -généralement, il va de un à trois — qu’on est en droit de savoir comment les uns et les autres procèdent pour évaluer l’affluence. Le cas de Marseille est proprement ubuesque puisque traditionnellement il est de 1 pour 10. Par exemple, 25 000 manifestants pour la police, 250 000 pour les syndicats. Quelques journalistes ont voulu en avoir le cœur net et se sont mis, eux aussi, à compter.
C’est le cas de nos confrères de médiapart qui sont parvenus, mardi dernier, pour la manifestation parisienne, au nombre de 76 000 manifestants, c’est à dire moins que la police qui en avait identifié 89 000. Et le chiffre des syndicats ? 330 000 ! La réalité est donc un peu douloureuse pour Bernard Thibaud et François Chérèque, mais le premier se défend en affirmant que le rapport de force dans l’opinion est largement en faveur de sa cause, ce qui n’est pas niable. Mais, voilà! Il y a un rite de la manifestation, il y a de vieilles méthodes syndicales, il y a l’habitude de la surenchère sur les chiffres, qui font partie d’une certaine culture protestataire.
Les arbitrages impitoyables qui ont lieu en ce moment vont-ils changer nos mœurs? J’avoue que j’aurais du mal à m’engager sur ce terrain. On ne change pas une culture aussi enracinée en quelques jours !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 18 octobre
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Édouard de Castelnau