Ils pleurent. Ils pleurent tous les deux. Elle, elle a 84 ans ; lui, 66. Elle s’appelle Assunta, lui Alessandro. Elle est la maman de Marietta. Il est son meurtrier. Ils sont là, tous les deux, au premier rang de la basilique Saint-Pierre. Pie XII est en train de canoniser la jeune Maria Goretti, assassinée dans son petit village de Nettuno, au sud de Rome, le 6 juillet 1902.
Elle a 12 ans, son papa est mort deux ans auparavant et la famille est pauvre. Alessandro a 18 ans. C’est un voisin que l’on connaît bien. Le 29 mai, elle venait de faire sa première communion. Elle est belle. Il la désire. Il veut abuser d’elle. Elle le supplie : « Non, Dieu ne le veut pas ! Si tu fais ça, Alessandro, tu iras en enfer. C’est un péché ! » Rien n’y fait. Elle est terrorisée et se défend ; il la poignarde de quatorze coups de poinçon effilé. Elle meurt le lendemain, ayant préféré la mort au péché.
Lui sera condamné à 30 ans de bagne. Il est cynique, brute et sans remord jusqu’à ce jour de 1910 où il se convertit à la suite d’une apparition dans sa prison de Marietta lui offrant une fleur. En 1937, il rencontre la maman de Marietta et lui demande pardon. Il terminera sa vie comme jardinier dans un couvent de capucins.
C’est, repentant, qu’il assiste ainsi à la canonisation, en 1950, de celle qu’il avait tuée, modèle de pureté et de force intérieure. Sa maman, ses quatre frères et sœurs, aux côtés d’Alessandro le meurtrier, entendent ces mots du pape Pacelli : « Marietta, Agnès du XXe siècle, est le fruit mûr d’une famille où l’on a prié tous les jours, où les enfants furent élevés dans l’amour de Dieu, l’obéissance aux parents, la sincérité et la pudeur, où ils furent habitués à se contenter de peu, où les conditions naturelles de vie et l’atmosphère religieuse qui les entouraient les aidaient puissamment à s’unir à Dieu et à croître en vertu. »
Juste avant de mourir, son curé lui demanda : « Et toi, Marietta, pardonnes-tu à ton bourreau comme Jésus au bon larron ? » Elle répondit : « Oh oui ! Pour l’amour de Jésus, je lui pardonne et je veux qu’il vienne avec moi en paradis. »
Elle est patronne de la jeunesse.
Parole spirituelle de Pie XII
au cours de la canonisation de Maria Goretti :
« Que l’enfance joyeuse et la jeunesse ardente apprennent à ne pas s’abandonner misérablement aux joies éphémères et vides du plaisir, à l’attirance fascinante du vice. »
Courte prière tirée de la messe de sainte Maria Goretti
« Seigneur, tu es la source de l’innocence, tu aimes la pureté, donne-nous de garder tes commandements. »