Depuis qu’il est entré à la Maison-Blanche, Donald Trump se charge de montrer qu’il ne s’est pas payé de mots durant sa campagne électorale. Ce qu’il a dit, il le fait, en publiant décret sur décret. Le dernier en date provoque la tempête plus encore que les précédents. En interdisant l’entrée aux États-Unis des ressortissants de sept pays musulmans, il a non seulement provoqué des manifestations dans le pays, notamment dans les aéroports, mais soulevé une intense émotion dans le monde. Selon tel éditorialiste, ce serait la démocratie qui serait à l’épreuve, donc l’État de droit dans son ensemble. Le nouveau président se défend d’avoir pris une initiative anti-musulmane. Il veut uniquement protéger les États-Unis du risque terroriste. Évidemment, on ne l’entend pas de cette oreille, et il y a une forte probabilité que le trouble s’amplifie, en provoquant une véritable crise internationale.
Nous savions que Donald Trump était un provocateur, mais nous ne soupçonnions sans doute pas qu’il pourrait aller aussi loin, en procédant à une déstabilisation qui ne peut qu’inquiéter les gens raisonnables. Mais en même temps, on est bien obligé de constater que cette action offensive a ses partisans et qu’elle se justifie par l’inquiétude qui traverse l’ensemble des pays occidentaux à l’égard du fondamentalisme musulman. Et il y a des raisons sérieuses à cela. Inutile des les rappeler. De quelque façon que l’on aborde le problème, on se trouve sur un terrain miné. Et il est bien difficile de concevoir la sagesse qui correspondrait à une période de grand péril.
Dimanche, François Fillon s’est félicité que Pascal Bruckner ait gagné son procès contre ceux qui l’accusaient d’islamophobie. Bruckner publie un essai intitulé Un racisme imaginaire, qui concerne complètement le sujet, où il explique que « l’accusation d’islamophobie n’est rien d’autre qu’une arme de destruction massive du débat intellectuel ». Sans doute, mais comment instaurer les conditions indispensables à ce débat intellectuel ? Tout semble s’acharner à le rendre impossible. Pourtant, il serait le point de départ minimum pour obtenir les clarifications nécessaires, le préalable au retour fragile et difficile de la paix des peuples et du monde.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 31 janvier 2017.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte