L’émotion provoquée dans notre pays par la mort de deux jeunes Français originaires de la région lilloise est à la mesure de ce que le Président de la République a qualifié d’acte barbare. Que peut-on reprocher à Antoine de Léocour et à Vincent Delory, emmenés brutalement comme otages dans un restaurant de Niamey, la capitale du Niger ? Antoine se distinguait d’abord par son amour de l’Afrique et de cette région déshéritée du Sahel qu’il était venu servir dans le cadre d’une ONG. Il devait épouser une jeune Nigérienne, c’est d’ailleurs pour cela que Vincent était venu le rejoindre, le premier parmi tous les amis qui devaient assister à la cérémonie samedi prochain.
Le but de cet enlèvement était purement politique, mais au sens où l’entendent les coalisés d’Al-Qaïda, qui ont déclaré la guerre à l’Occident et comptent terroriser, par tous les moyens, les nations désignées à leur vindicte. La France se trouve largement privilégiée comme cible principale. Et c’est faute, sans doute, d’opération d’envergure sur notre territoire, que le Sahel a été choisi comme terrain de chasse contre nos ressortissants.
Que peut faire le gouvernement français, qui n’est même pas en situation de négocier comme il le fait en ce moment en Afghanistan pour nos deux collègues journalistes emprisonnés depuis plus d’un an, Hervé Guesquiére et Stéphane Taponnier ? Les revendications d’Al-Qaïda du Maghreb islamique sont impossibles à satisfaire, ne serait-ce que le retrait de l’armée française d’Afghanistan et le recours à Ben Laden désigné comme le seul responsable apte à décider. Un Ben Laden dont on ne sait ce qu’il est devenu depuis 2001.
Nicolas Sarkozy a incontestablement pris un risque en ordonnant l’interception des ravisseurs par les forces armées françaises. Mais comment faire autrement ? Pouvait-on laisser agir les terroristes en toute impunité, alors que toute perspective de négociations est improbable et que l’organisation criminelle se serait trouvée encouragée à multiplier les enlèvements et les assassinats ? Même l’opposition en France n’a pas fait d’objections à la détermination gouvernementale. Nous sommes engagés dans une logique impitoyable où l’adversaire doit savoir qu’il n’aura pas l’avantage de l’intimidation.
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Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 11 janvier 2011.
Pour aller plus loin :
- Sur Charlie Hebdo vu de Niamey
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI