Après une carrière de consultant en informatique et en commercial, l’auteur a entrepris une étude très fouillée du réseau auquel a appartenu son père. Recommandé par les généraux Weygand puis Giraud, dirigé par le commandant Mollard, le camouflage des matériels a soustrait des tonnes de matériels militaires aux Commissions de contrôle allemandes et italiennes, en contradiction avec les exigences de l’armistice, et avec le soutien discret de certaines autorités de Vichy, dont le maréchal Pétain.
Cette étude met en lumière le dévouement des militaires qui ont procédé au camouflage, et des civils qui ont accepté le stockage dans leur propriété des armes, des munitions et des véhicules, ainsi que le rôle des entreprises qui ont procédé au transport et à la fabrication clandestine d’armements, en métropole et en AFN. Le financement des opérations a été assuré par les Services spéciaux, par des marchés fictifs, et par la location et la vente de véhicules, y compris à des entreprises allemandes ou italiennes.
A partir de novembre 1942, les services ennemis ont découvert de nombreux dépôts, mis à jour l’organisation du réseau, et exercé des représailles contre ses membres : 104 sont morts pour la France. Le tiers des matériels a cependant échappé à l’ennemi et a été récupéré par les maquis, par la 1ère Armée, et par les unités en formation en 1944.
Plusieurs chapitres sont consacrés aux relations du CDM, conflictuelles avec les Allemands (lesquels ont procédé à leur tour au camouflage d’armement en 1944), méfiantes parfois avec les mouvements de résistance et avec les autorités de Vichy. Le rôle négatif de Laval, ambigu des généraux Huntziger, Bridoux, Delmotte et Piquendar est en particulier démontré.
Un remarquable travail de recherche.
Maurice FAIVRE
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Philibert de Loisy. La première Résistance : le camouflage des matériels. Les secrets du réseau CDM, 1940-1944. Esprit du Livre, 2010, 401 pages et 16 pages de photos, 22 €.
