Ce n’est probablement pas tout à fait une première, mais il y a quand même quelque chose d’impressionnant dans cette concentration de quelques 150 chefs d’État et de gouvernement à côté de Paris. N’est-ce pas le signe d’une proximité entre tous les habitants de la planète terre ? Oh certes, nous savons que la paix universelle ne règne pas. Les événements récents sont encore inscrits comme des stigmates au cœur de la capitale. D’ailleurs, le président Hollande a associé étroitement la lutte contre le terrorisme à celle contre le réchauffement climatique. On ne voit pas pourquoi la solidarité ne jouerait pas dans les deux domaines. Mais jusqu’où ira le consensus espéré ? On perçoit les failles dans l’entente spectaculairement affichée.
Sur le climat, par exemple, le premier ministre indien Narendra Nodi a rappelé que les armes n’étaient pas égales entre le Nord et le Sud, entre les nations développées d’Europe, d’Amérique du Nord et son propre pays. On saisit la difficulté. Dans son essor économique actuel, l’Inde aspire à rejoindre progressivement les pays développés dans leur mode de vie. C’est aussi le cas de la Chine. Mais on demande à ces deux pays de freiner leur essor en consentant à des sacrifices que ne feront pas, en toute hypothèse, l’Europe et l’Amérique. Néanmoins, des progrès dans la négociation sont possibles, car tous perçoivent le formidable enjeu du rendez-vous de Paris.
Et dans le domaine de la sécurité internationale ? Là, je serais moins sûr d’avancées décisives, du moins avec les pays qui sont les plus concernés, notamment au Moyen-Orient. Certes, il était impressionnant de voir se dresser tous ensemble les chefs d’État de la planète pour rendre hommage aux victimes du 13 novembre. Mais ce n’est pas dans l’immédiat que se règlera le sort de Daesh. Ses complices plus ou moins avoués ne cesseront pas demain de financer les réseaux terroristes qui ont frappé la France et la Tunisie ces jours derniers. Il faut se réjouir d’une planète terre rassemblée, mais sans nous faire trop d’illusions sur la fin prochaine de la menace terroriste.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er décembre 2015.