La petite Brésilienne... Communiqué de Mgr Dominique Rey - France Catholique
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La petite Brésilienne… Communiqué de Mgr Dominique Rey

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Communiqué de Monseigneur Rey,
évêque de Fréjus-Toulon

De retour du Brésil où j’accompagnais une délégation d’évêques et de prêtres, j’ai été tenu directement au courant de l’affaire de la petite fille brésilienne de 9 ans qui a été violée puis a subi un avortement. Elle attendait deux jumeaux. La presse internationale s’est emparée de cette affaire dans un contexte politique particulièrement polémique. En effet, actuellement, au Brésil sont débattues des dispositions législatives tendant à élargir le droit à l’avortement. Certains lobbies se sont saisis d’une tragédie particulière pour justifier l’extension des conditions légales de l’interruption volontaire de grossesse. La manière dont cette affaire a été souvent rapportée et traitée travestit l’objectivité des faits et instrumentalise un drame particulier.

L’impératif de la Charité à laquelle nous appelle l’Evangile a deux versants. En premier lieu, la Charité est attachée au principe de la Vérité. Aimer quelqu’un c’est refuser de lui mentir. En ce qui concerne l’avortement, l’Eglise répète depuis toujours qu’il constitue une offense à la vie même s’il est légalisé par la loi et promu par certains courants d’opinion publique. Depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, toute vie est sacrée. Elle mérite d’être respectée d’autant plus qu’elle est fragile. Une humanité qui nie ce respect inaltérable de la vie court à sa propre perte. En parlant d’excommunication, l’Eglise souligne ce principe non négociable. Inscrite dans le droit de l’Eglise, l’excommunication a une double fonction. Elle rappelle à l’humanité une limite symbolique à ne pas franchir, car à partir de ce repère commence la violence vis-à-vis d’un être qui débute dans la vie (qui sommes-nous pour décréter qu’un être, fût-il au stade embryonnaire de son développement, mérite d’être éliminé ?). Par rapport à toutes les formes de violence et d’atrocité (viol, meurtre…), l’excommunication de l’avortement touche le principe de la vie. Elle marque ainsi un interdit à ne pas transgresser dans lequel s’originent toutes les autres formes de violence : « L’avortement est ce qui détruit le plus la paix du monde aujourd’hui » (Mère Teresa). De plus, l’excommunication a toujours été présentée par l’Eglise dans une perspective thérapeutique et médicinale. Elle invite à une prise de conscience, à une conversion. Elle ouvre à la Miséricorde du Seigneur qui sans cesse nous tend les mains.
En effet, la Charité s’accomplit toujours dans la Miséricorde. C’est là son deuxième volet. Comme l’enseigne le Christ, tout légalisme enferme dans la peur. Tout au long de Son ministère public Jésus a fait grâce à ceux qui s’écartaient des commandements de Dieu ou qui étaient des blessés de la vie. Une vérité qui oublie la miséricorde est une vérité sans cœur.

Dans cette très-douloureuse affaire de cette petite fille brésilienne nous avons pu recevoir de multiples témoignages de cette Miséricorde vécue par les communautés chrétiennes qui l’ont entourée et accompagnée face à la pression de certains lobbies qui s’exerçait sur elle et sur sa mère. Le Père Rodrigues, curé de leur paroisse, s’est dépensé sans compter pour cette famille en mobilisant toutes ses ressources pour la soutenir dans l’épreuve. Il dénonce « la manipulation de conscience et le manque de respect pour la vie humaine » dont toute la famille a été l’objet (cf. le texte joint).
Cette tragédie nous place sur la ligne de crête de la Charité. Celle-ci doit rappeler à temps et à contretemps le respect dû à la vie, et d’autre part manifester notre compassion vis-à-vis des plus faibles et des plus fragiles comme cette petite fille victime des pulsions criminelles de son beau-père violeur.

Après les premières déclarations de l’archevêque de Recife, la conférence des évêques du Brésil a précisé que ni la petite fille ni la mère n’ont fait l’objet d’une excommunication. Au-delà des réactions médiatiques qui surfent sur l’émotionnel, le drame qu’ont vécu cette petite fille et toute sa famille invite la communauté internationale qui s’est saisie de cette affaire, mais aussi chacun d’entre nous, à gravir ensemble les deux versants de la Charité.

« Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent », chante le psalmiste. Aimer c’est rappeler la vérité de ce qu’est la vie, et œuvrer de toutes ses forces pour la rendre possible.

Toulon, le 14 mars 2009

+ Dominique Rey
Evêque de Fréjus-Toulon

Témoignage du Père Rodrigues, curé de Alagoinha :

« Edson Rodrigues, curé de Alagoinha 

« Ce que la presse ne dit pas »

padreedson.blogspot.com 10 mars 

Notre ville a été secouée par une nouvelle tragique : une enfant de neuf ans victime des abus sexuels de son beau père était enceinte de jumeaux. Sa sœur aînée, âgée de 13 ans, avait subi les mêmes sévices. Cette horrible histoire durait depuis près de trois ans.  

Quand le conseil de Alagoinha a découvert les faits, il a tenté de tout mettre en œuvre pour aider les enfants et les parents. Le 27 février, la justice a confié les enfants à l’institut médical légal  de Caruaru, dans l’Etat de Pernambuco. D’autres examens complémentaires ont été réalisés (avec des sexologues, des psychologues) ensuite à l’institut médical de l’enfance de Recife. C’est à cet endroit que la victime a rencontré une assistante sociale du nom de Karolina Rodrigues et son assistante Marie-José Gomes. Cette dernière a refusé l’hypothèse de l’avortement au nom de sa conscience chrétienne. Karolina Rodrigues a décidé de porter ce cas devant le conseil de Alagoinha. Les cinq conseillers de la ville ont refusé pour les mêmes motifs. Ils ont transmis leur avis à l’institut médical de Caruaru. Une copie a été donnée à Karolina Rodrigues en ma présence et celle du père de la victime, monsieur Erivaldo. 

Le 28 février, je suis invité à participer au conseil de l’institut médical de l’enfance de Recife en compagnie de Marie-José Gomes et de deux membres de notre paroisse. Nous en profitons pour aller visiter la victime et sa mère. Elles se trouvent au quatrième étage de l’établissement, dans un appartement isolé. L’accès est très strict. Je suis obligé de rester dans le couloir mais j’arrive à parler avec la mère de la petite. Elle m’avoue ‘avoir signé des papiers’. Je m’inquiète car cette femme est analphabète. Comme elle est incapable d’apposer sa signature, on a pris ses empreintes digitales. Je lui demande ce qu’elle pense à propos de l’avortement. Elle montre des sentiments très maternels et surtout une préoccupation extrême pour sa fille. Elle répond : ‘je ne veux pas que ma fille avorte… » La maman me parle de son état de santé : ‘ça va bien, elle joue avec des poupées qu’on vient de lui donner.’ Nous repartons avec la ferme conviction que la mère est totalement défavorable à l’avortement de ses petits fils. ‘Personne n’a le droit de tuer personne’ ajoute-t-elle. ‘Seul Dieu peut disposer de la vie…’  

Le 2 mars, nous retournons à l’institut de Recife. Nous sommes autorisés à monter au 4e étage pour visiter la victime. Mais, arrivés  au premier étage, un fonctionnaire de l’institut nous interdit de monter plus haut. Il nous demande de voir l’assistante sociale dans un autre bâtiment. Nous tombons nez à nez avec Karolina Rodrigues. Je suis en compagnie de Marie José Gomes et de monsieur Erivaldo qui s’oppose à ‘avortement de ses petits fils’. Quand l’assistante découvre mon identité, elle dit devant tout le monde : ‘il s’agit d’une affaire médicale même si le prêtre qui est là estime qu’il s’agit d’une question de morale.’ Nous interrogeons Karolina Rodrigues sur l’état de santé de l’enfant. Elle affirme que tout est déjà résolu avec l’accord de la maman. La procédure médicale va suivre son cours. Elle insiste sur son état critique sans fournir aucun élément de la part d’un médecin. Elle se retranche aussi derrière la loi : ‘dans ce cas, le mieux est de sauver la vie de l’enfant’. Nous répondons : ‘il n’y a pas une seule vie à sauver mais trois !’ Elle ne veut rien entendre. Karolina Rodrigues demande à Monsieur Erivaldo de lui parler seul à seul. Pendant près de 25 minutes. En sortant, ce dernier me révèle qu’il vient de changer d’avis à propos de l’avortement : ‘l’assistante m’a prévenu que ma fille était menacée de mort… Si elle est en danger, il faut la sauver… Quitte à lui retirer les fœtus’ a-t-il murmuré.  

Tout paraissait alors terminé. C’est alors que l’archevêque de Recife, dom José Cardoso, et l’évêque de Pesqueira, dom Franceso Biasin, se sont impliqués dans la procédure. Mgr Cardoso a convoqué un groupe de médecins, d’avocats, de psychologues, de juristes pour étudier la légalité de cette affaire. Lors de cette réunion, le 3 mars, à la résidence de l’archevêque, il y avait le directeur de l’institut médical de l’enfance de Recife, Antonio Figueiras. Il a reconnu en public les pressions exercées par Katerina Rodrigues. Il a contacté l’hôpital pour suspendre l’avortement.  
Un peu plus tard, l’archevêque de Recife reçoit un appel de monsieur Figueiras l’informant qu’un groupe féministe – Curumin – aurait convaincu la maman d’accepter un transfert de sa fille vers un autre hôpital.  Nous retournons sur place avec Maria Gomes. On l’a fait attendre en prétextant la rotation des équipes (l’enfant était déjà transférée). Personne n’ose lui dire quelque chose. Comment une personne en péril de mort peut-elle obtenir un bon de sortie ? Comment l’état de la victime a-t-il pu changer si rapidement ? Qu’est-ce que le Curumin a pu dire à la mère ?  

Le 4 mars, nous apprenons que l’enfant est internée à l’hôpital de CISAM (centre intégral de santé Amaury de Medeiros spécialisé dans les grossesses à risques). Cela se trouve au nord de Recife. Notre espoir de voir deux enfants vivants disparaît brutalement. Tout cela à cause de d’une manipulation de conscience et d’un manque de respect pour la vie humaine. J’ai raconté tout cela pour que les gens sachent la vérité. »