« Changer la Gauche au pouvoir », changer le nom du Parti socialiste engendré par feu-François Mitterrand en l’an 71 après Jésus-Christ au congrès d’Epinay sur-Seine peu après les Saturnales de Mai 68, et tendre la main aux vrais « progressistes » pour créer avec eux une « maison commune ». Le programme de Manuel Valls pour la France socialiste d’après mai 81 et d’après la mort de François Mitterrand serait-il aussi ambitieux que celui de Mikhaïl Gorbatchev pour l’ex-Union soviétique d’après la mort de Brejnev et d’après Tchernobyl ? Manuel Valls parle sans frémir dans les colonnes de « L’Obs », de bâtir une « maison commune » sur le continent politique franco-français avec les tribus gauloises du Centre et du Centre-Gauche. Rien que cela, mais tout cela, et c’est déjà énorme, et c’est déjà trop pour les dinosaures du socialisme à la française, enkysté dans son social-marxisme antédiluvien… !
L’ancien trotskiste Julien Dray, montre en main, dénonce une entorse grave au sens marxien de l’Histoire et considère que Valls est un individu à la fois dangereux et hors-jeu : soudain xénophobe, il lui reproche une « interview catalane », comme si Barcelone était synonyme de passéisme… Mais tout se passe comme si secrètement, la rage au ventre, les vieux crabes de l’appareil de l’Etat-PS reprochaient au jeune Turc venu de Catalogne de flirter avec… le modèle anglo-saxon depuis son récent voyage en Grande-Bretagne, et de rêver du destin d’un Tony Blair à la française. De quoi le prendre dans le collimateur d’une chasse à l’homme idéologique acharnée. Quitte à lui intenter un procès pour hérésie politique et déviationnisme petit-bourgeois, au nom d’une lutte des classes qui ne dit plus son nom, mais qui hante toujours les cerveaux socialistes franco-français…
Jusqu’au sein de l’actuel gouvernement, une équipe restée marquée très à gauche, un quidam incapable de réfléchir par lui-même vient de proférer un anathème idiot à l’encontre de l’ennemi public n°1 du « Peupledegauche », comme pour se rassurer au sujet de ce Bonaparte de l’après-mai 81 : « Il n’y a pas de quoi faire un parti avec ceux qui sont d’accord avec Valls »… Faire un parti ? Certes non ! Mais là n’est sûrement pas la question, à l’heure où le peuple français vomit les partis politiques et le régime des partis d’un mépris plus ou moins gaullien… ! En revanche, créer les conditions d’un rassemblement des Français à l’heure des prochaines élections présidentielles, surtout face au lamentable duel Sarko-Juppé, alors là, c’est une autre affaire : quelques tours de Valls, et pour quelle alternative, qui sait, le sort de notre cher et vieux pays pourrait bien être changé. Et tant pis pour les diplodocus de gauche et de droite qui se seront embourbés dans les marécages préhistoriques d’un retour aux moeurs rétrogrades de la IVème République, lors d’une éclipse de la Vème République, cet astre qu’on croyait mourant après avoir ébréché sa robuste Constitution.
Denis LENSEL