A lire la presse ces jours-ci, à regarder la télévision, on a l’impression que le drame de la pédophilie ne touche que l’Église catholique et que celle-ci concentre tout l’opprobre du monde pour une perversion qui caractériserait l’institution en elle-même. C’est encore le discours que j’ai entendu hier soir de la part d’un universitaire expliquant que l’Église, se considérant comme hors normes, déliée donc de toute autorité supérieure et du contrôle de la justice, était le lieu caractérisé de la toute-puissance pour les délinquants sexuels. Dans son cadre, ceux-ci s’estimeraient immunisés contre toute loi pénale. Il y a quelque chose de vrai, d’ailleurs, dans cette manière plus que spécieuse, vraiment tordue, de présenter les choses. C’est vrai que certaines personnalités perverses, déjà clivées selon leur tendances troubles s’insèrent dans des institutions où elles sont en situation d’autorité et à proximité d’un public juvénile. Mais il ne faut pas inverser les causes. Ce ne sont pas les institutions qui fabriquent des pervers, ce sont les pervers qui s’introduisent dans les institutions pour y exercer leurs tendances déviantes. Mais à ce compte, l’Église catholique est très loin d’être la seule concernée.
Faut-il rappeler qu’il y a quelques décennies la pédophilie était justifiée et défendue par des intellectuels dans un manifeste très explicite et que l’État lui-même a mis longtemps à réagir contre le fléau, en aggravant les peines prévues pour ce type de délinquance ? A la vérité, les institutions qui ont à lutter contre cette perversion sont toutes celles qui concernent la jeunesse. Il suffit d’en parler avec des cliniciens ou des thérapeutes chargés d’entendre et de soigner ce type de personnes pour apprendre que les quelques prêtres qu’ils ont pu recevoir en consultation ou pour lesquels ils ont été requis par l’autorité judiciaire, s’inscrivent dans une longue suite de « patients » qui appartiennent à des professions diverses.
A-t-on oublié que Ségolène Royal déclarait, en 1998, à l’Assemblée nationale qu’il n’y avait pas une semaine sans que ne se révèle une affaire de pédophilie en milieu scolaire ? A ce moment, on faisait à l’Éducation nationale le même procès que l’on fait aujourd’hui à l’Église : celui de protéger ses membres délinquants en répugnant à les dénoncer à la justice. Devant le scandale, les ministres Claude Allègre et Ségolène Royal (du gouvernement de cohabitation dirigé par Lionel Jospin) avaient diffusé une circulaire précise, provoquant un déferlement de plaintes et suscitant un énorme malaise chez les enseignants.
Mais les spécialistes vous diront que la médecine elle-même est touchée et jusqu’à la magistrature chargée de la protection des mineurs. Il faut encore citer tout ce qui concerne les loisirs pour les jeunes, sans oublier l’ensemble du monde du sport. Plus surprenant peut-être : le corps diplomatique est aussi atteint, peut-être du fait de son statut dérogatoire par rapport aux pays où il est en mission. Les organisations internationales sont elles-mêmes contraintes d’exercer une police pour contrer les ravages produits en Asie et en Afrique par certains de leurs fonctionnaires et aussi par des membres d’organisations humanitaires dont le travail est de secourir les détresses.
Au total, cela fait énormément d’organisations pour lesquelles la pédophilie est un fléau à éradiquer. Pourquoi donc l’attention des médias est-elle concentrée sur la seule Église catholique, comme si elle était délinquante et coupable par définition ? Certes, on comprend que pour une institution prescriptive de morale, la vigilance doive s’exercer en priorité. Mais, tout de même, pourquoi cette étrange injustice ? Je pose la question à Mgr Anatrella.
Ecouter l’émission avec Mgr Tony Anatrella, psychanalyste, spécialiste en psychiatrie sociale, consulteur au Vatican pour la famille et la santé, auteur de « La tentation de Capoue » (Cujas).
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relire l’éditorial de Gérard Leclerc : Pédophilie : déstabiliser le Pape ?
http://www.france-catholique.fr
et la chronique de Natalia Bottineau : De la « saleté dans l’Église » et de l’amour de la vérité. Abus sexuels : le Vatican pour l’imprescriptibilité
http://www.france-catholique.fr
L’Express
Le pape met ses espoirs dans une lettre sur la pédophilie
CITE DU VATICAN – Benoît XVI, qui voit le scandale des prêtres pédophiles s’étendre en Europe, espère que la lettre pastorale qu’il est sur le point d’adresser sur cette question aux fidèles irlandais favorise « le repentir, la guérison et le renouveau ».
Irlande : Le primat n’a jamais couvert aucun cas de pédophilie
ROME, Mercredi 17 mars 2010 (ZENIT.org) – Benoît XVI a annoncé ce matin, place Saint-Pierre, qu’il signera vendredi, en la solennité de saint Joseph, sa Lettre pastorale à l’Eglise d’Irlande, à propos des abus sexuels sur mineurs qui ont par le passé touché le diocèse de Dublin.
Au cours de l’audience générale, après la synthèse de sa catéchèse en anglais, le pape a adressé une salutation spéciale aux Irlandais, qui, dans le monde entier fêtent aujourd’hui saint Patrick.
http://www.zenit.org/article-23819?l=french
Brésil : Aucun évêque impliqué dans les abus, affirme le P. Lombardi
ROME, Mercredi 17 mars 2010 (ZENIT.org) – Aucun évêque brésilien n’est impliqué dans les abus sexuels sur mineurs découverts ces derniers jours au Brésil.
C’est ce qu’a déclaré le père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, après les rumeurs qui ont circulé ces derniers jours dans les médias brésiliens.
Selon la presse brésilienne, deux évêques et un prêtre de l’Eglise catholique au Brésil auraient été mis à l’écart suite à un scandale pédophile.
http://www.zenit.org/article-23820?l=french
Québec : Un groupe d’anciens élèves du collège Notre-Dame qui disent avoir été victimes d’abus sexuels aux mains des frères enseignants dans les années 50 à 80 sollicitent la collaboration de l’établissement pour offrir des thérapies à l’ensemble des victimes.
Célibat et pédophilie : « Trêve de simplisme ! » selon le psychiatre Paul Bensussan
Trois questions, dans l’hebdomadaire Famille Chrétienne, à Paul Bensussan, psychiatre et sexologue, expert national, agréé par la cour de cassation.
http://www.famillechretienne.fr
L’éditorial de Philippe Oswald
http://www.famillechretienne.fr
Pédophilie : ce que le cardinal Schönborn a réellement écrit
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
- Mgr Anatrella dans le collimateur
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI