La Passion de Notre-Dame, de Max Garric - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La Passion de Notre-Dame, de Max Garric

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Rares sont les textes sur la Vierge Marie qui parviennent à s’élever assez haut pour n’être pas indignes du sujet : tel est le mérite le plus grand de la pièce/poème que Max Garric a écrite à propos à la fois de la souffrance et de la joie comme de la gloire de la Mère de Jésus, le Christ, proclamée Mère de Dieu (Theotokos) dès les premiers siècles de l’Église. Une lecture de cette pièce a eu lieu fin janvier en la Galerie Bansard (Paris) : les comédies étaient Clémence Cardot, Dominique Daguet et Dominique Leverd. Les auditeurs, nombreux, ont été frappés par « l’esprit et le cœur » qui soulevaient les dialogues au point de souhaiter que la pièce puisse être proposée dans un théâtre qui aurait, naturellement, le courage de la produire.

Mais pour bien entrer dans ce que désirait accomplir l’auteur, le mieux est de référer à son avant-propos, dans lequel nous pouvons percevoir la foi et l’amour qui l’ont inspiré.

« L’auteur s’est plu à esquisser le poème dramatique de la Vierge, tel qu’il se dessine en filigrane dans la vie de Jésus. Il lui a semblé que, sous ce jour nouveau, la mission du Christ pouvait se colorer d’une lumière plus affective, plus maternelle, et plus poignante encore, s’il se peut. La passion du Christ, plus sa propre passion. C’est ainsi qu’un parallélisme étroit unit les deux destinées en une seule gerbe d’amour, riche infiniment, et sous le souffle des mêmes vents ployée. Mais voici que deux personnes vont s’affronter en Marie : Notre-Dame des douleurs, celle qui souffre en femme avec son cœur de mère, et Notre-Dame de la gloire, celle qui se trouve prédestinée dans son rôle de médiatrice par les écritures, et plus explicitement encore du jour de l’Annonciation. L’une « éprouve » toutes les affres du Messie, mais l’autre « connaît » déjà par révélation la gloire céleste qui s’attache à l’œuvre de Rédemption. Cette antithèse au sein de Marie (modeste reflet de la nature duelle propre à l’homme-Dieu), l’auteur a tenté d’en opérer la dissociation sur le plan scénique, afin d’en exalter toutes les ressources de drame et de poésie.

Mais lors de la Résurrection, il fut amené à la substitution finale d’une vierge à l’autre, Notre-Dame de la Gloire assumant seule par cette hypostase l’unité reconquise dans le triomphe du Christ ressuscité.

Sur le plan de la mise en scène, l’on a voulu dépouiller au maximum l’élément figuratif. Conférer à ce poème sacré le sens du cérémonial et de la solennité, exalter souvent la magie du verbe par un ton proche de l’incantation, pour rester fidèle à une certaine « magie de l’évocation ».
Dans cette même perspective enfin, le Christ demeure toujours invisible (à l’instar du film Ben-Hur première version). L’art s’apparentant le plus souvent à la suggestion, il apparaît que l’absence, intensément évoquée, peut se transmuer en “omniprésence”. Ainsi a-t-on tenté par une absence, lourde de densité, d’incarner la souveraine Présence. “…Partout où deux d’entre vous se rassembleront en mon nom, a dit Jésus, je serai parmi eux…”. »

Les scènes de dialogue entre la Vierge de Souffrance et la Vierge de toute Gloire sont à proprement parler admirables ! L’on y voit clairement se glisser entre la foi et l’amour « la petite fille Espérance » dont Péguy a si heureusement parlée.