Là où l'Occident s'arrête - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Là où l’Occident s’arrête

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De quoi la « libération » de Palmyre le 25 mars, saluée par la directrice générale de l’Unesco, est-elle le signe ? L’instrumentalisation de ce « patrimoine de l’humanité » révèle la fragilité de l’Occident.

Plus de 250 000 Syriens sont morts en cinq ans de guerre, mais la communauté internationale a respiré quand on lui a appris — la TV russe quasi seule sur place — que le site de la ville antique de Palmyre était à nouveau sous contrôle de l’armée régulière syrienne après près d’une année aux mains du groupe État Islamique (EI ou Daech). La ville moderne, elle, naguère forte de 130 000 habitants semble s’être vidée de sa population.

Les combats autour de ce site emblématique ne sont pas sans poser plus de questions qu’il n’y a de réponses. D’abord sur la manière dont dans un premier temps il fut abandonné par la même armée régulière. Ensuite dont aujourd’hui il est à nouveau déserté par Daech (qui y aurait tout de même perdu 400 combattants selon l’agence de presse syrienne). Enfin et surtout comment il se fait que le site a été en dépit de tant de rumeurs contradictoires plus ou moins laissé en l’état. Pillé sans doute, pour ce qu’il en restait après les exactions de ses premiers occupants dits « réguliers », à demi écroulé par le simple jeu de l’érosion des tempêtes de sable sur ces fûts de calcaire friable, mais pas détruit. Les esprits machiavéliques qui comptaient sur une énième provocation djihadiste pour se réhabiliter définitivement auprès de l’élite esthétiquement bien pensante des pays occidentaux en ont été partiellement pour leurs frais.

Palmyre, à deux cents kilomètres de Damas, à l’ouest, à deux cents kilomètres de Deir-el-Zor au nord-est, est une palmeraie au plein milieu d’un désert de terre sèche et de cailloux, très plat de part et d’autre si ce n’est quelques collines surplombant la ville. Les touristes venus de l’ouest, comme les armées successives depuis des millénaires, ne vont généralement jamais plus loin. Les caravanes qui venaient de l’Orient s’arrêtaient là où les marchands levantins et vénitiens venaient prendre livraison de leurs commandes. Ville hybride entre l’Occident et l’Orient, Palmyre en marquait de chacun le point le plus extrême, une sorte de frontière.

Dans la configuration actuelle, Palmyre apparaît n’avoir été jamais beaucoup plus qu’un leurre. Depuis un an, Daech n’avait jamais lancé d’offensive depuis Palmyre, par exemple en direction de Damas. L’organisation ne semble jamais y avoir massé de nombreux effectifs parce que, qu’elle en sorte ou qu’elle y rentre, une force ne dispose, sur quatre cents kilomètres, d’aucun véritable endroit pour se cacher ! La colonne de Daech, il y a un an, était pourtant arrivée impunément. Elle en est repartie aussi discrètement qu’elle était venue.

On verra bien si les forces régulières dépassent Palmyre pour aller faire leur jonction, comme on l’annonce ici et là, pour marcher sur Raqqa. Il y a des routes plus rapides leur épargnant un détour aussi fastidieux.

Le seul intérêt stratégique de Palmyre est le contrôle des tribus semi-nomades de l’intérieur. En nul autre endroit de la Syrie sans doute la haine envers les alaouites n’y est aussi répandue. Ce n’est pas par hasard si Palmyre abritait la plus sinistre prison du régime Assad. Ceci est pour beaucoup dans le calme relatif dont a joui la bourgade durant l’année écoulée. On ne verra pas grand monde localement pour se « réjouir » de la reprise de Palmyre par les forces du régime honni. Les tribus continueront leur guérilla sur ses arrières.

Inutile pour Daech, inutile pour Assad dès lors que Daech avait déjoué le piège tendu, Palmyre retournera d’où il vient : dans les sables de l’histoire et du désert. La Russie se sera offert un baroud d’honneur en prouvant in extremis à l’Occident, le jour même où le secrétaire d’État américain venait à Moscou, qu’elle se bat quand même contre l’État islamique après n’avoir, en six mois, frappé que les oppositions syriennes appuyées par ce même Occident. Le seul véritable espoir est que de la même manière que la Russie était intervenue à Alep le premier jour des négociations de Genève, son intervention à Palmyre le dernier jour de la seconde session des mêmes négociations laissera la porte ouverte à de réels progrès lors de la troisième session qui doit s’ouvrir à partir du 10 avril -, dans la mesure où Moscou aura permis d’éventer le bluff d’Assad – et pas seulement à Palmyre.

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