La France a vécu hier une journée d’une rare intensité, avec l’hommage rendu le matin au colonel Arnaud Beltrame et dans la soirée avec la marche blanche organisée à la mémoire de Mireille Knoll, cette rescapée de la Shoah assassinée dans des conditions épouvantables. Les deux événements sont profondément liés. Il importe de comprendre pourquoi, sans se laisser capter par des formules un peu trop simples, qui dissimulent la nature de la menace qui plane sur nous depuis plusieurs années et se traduit périodiquement par des tragédies. Ce qui motive terroristes et assassins, ce n’est pas, comme je le lis ici ou là, le refus de la différence ou encore la difficulté de vivre ensemble. Ou alors, il faut creuser ces formules pour leur faire avouer ce qu’elles cachent. La différence, si elle n’est pas acceptée, n’est nullement de l’ordre d’une caractéristique secondaire qu’un peu de bonne volonté suffirait à estomper. Et le vivre ensemble n’est pas seulement le fruit d’une bonne volonté commune à s’accommoder les uns des autres.
Le fondamentalisme islamiste consiste en une vision totalitaire du monde qui n’accepte pas notre civilisation et voue notamment au judaïsme une haine meurtrière. En l’espèce, le judaïsme n’est nullement une modalité particulière, apte à s’intégrer dans une cité commune mais une identité insupportable. À ce propos, il faut se déprendre de l’analyse de Sartre, qui prétendait, après-guerre, que l’identité juive n’était que le produit du regard de l’antisémite. Sartre, sur la fin de sa vie et sous l’influence de Benny Lévy, allait changer complètement d’opinion, en reconnaissant que la judaïté correspondait à une vocation singulière, à une élection divine. C’est cette élection qui est insupportable à l’antisémitisme islamiste. Que cet antisémitisme puisse se traduire, au-delà de toute justification, de la façon la plus sordide, n’empêche pas qu’il s’enracine dans une doctrine qui se réfère à des commandements supérieurs inflexibles.
On ferait bien d’écouter ceux qui ont étudié de près la question. La propagande islamiste présente le peuple juif comme « corrupteur de la parole divine et acharné à la destruction de l’islam » (Barbara Lefebvre dans Le Figaro). Une idéologie radicale balaie toutes les différences et le vivre-ensemble, Mireille Knoll en est morte. Il est temps de nous réveiller !
