Il faut vraiment être un bon spécialiste pour entrer dans les arcanes de la Conférence de Paris sur le climat. Nous recevons, simples profanes de bonne volonté, l’assurance des grands responsables, leurs discours catégoriques, leurs bonnes intentions manifestes. Mais qu’en est-il exactement de la teneur des négociations, avec leurs paramètres techniques, leurs enjeux financiers, la plausibilité des solutions envisagées, les délais nécessaires pour parvenir à des résultats probants ? D’instinct, nous faisons confiance aux experts, à ceux qui maitrisent toutes ces données. Mais nous aspirons en même temps à une meilleure compréhension de ces négociations, nous aimerions qu’on nous les traduise en objectifs concrets, aisément déchiffrables et éventuellement représentables.
C’est pour cela que j’ai aimé le projet africain et la communication qui en a été faite. J’ai l’impression d’avoir sinon tout compris, du moins mieux compris. Il est vrai que les objectifs annoncés parlent à l’imagination : élaboration d’une grande muraille verte pour freiner le processus de dégradation du Sahel. Je revois à une échelle beaucoup plus modeste la ceinture verte qui entourait le village du Sahel où j’étais instituteur, et qui avait d’ailleurs été plantée par les pères blancs des missions africaines. Restauration du lac Tchad, qui est en voie d’assèchement, mise en valeur du fleuve Niger, et mobilisation en faveur des énergies nouvelles.
Mais tout cela a un coût qu’il s’agit de chiffrer, et pour lequel il faut s’adresser à la solidarité internationale. Le cas africain a une nature particulière, parce que l’Afrique est de très loin le plus modeste consommateur d’énergie et se trouve, pour cette raison, responsable de moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais en même temps, l’électrification du continent est un objectif premier pour son développement, en relation avec son expansion démographique. C’est dire à quel point le défi énergétique, qui doit être relevé, s’avère capital. Mais un dynamisme nouveau est en train de réanimer l’Afrique entière, ce qui nous laisse espérer qu’un modèle inédit y sera inventé.
