Avez-vous médité sur les fins dernières ? Vous êtes-vous arrêté plus qu’un bref instant, le regard appuyé sur cette échéance inéluctable qui s’appelle la mort, le seul terme qui soit un événement certain, comme disent les juristes ?
Au plus fort de nos crises sanitaires, la mort, si présente, n’est plus qu’un chiffre, un pourcentage. On la compte en mille, en cent mille, en millions. La mort, objet de statistiques, se fait abstraite. C’est la mort des autres, comme celle des guerres lointaines.
Mais ma mort à moi, la certaine et la personnelle, l’ai-je regardée ? On dit que, comme le soleil, la mort ne peut se regarder en face. Dans sa prison de Fresnes au matin de son exécution, sous le titre de La Mort en face, Robert Brasillach s’y était essayé : « Je n’ai rien d’un stoïcien, et c’est dur de s’arracher à ceux qu’on aime. […] Je pensais avec peine à leur peine. Mais j’essayais le plus possible d’accepter. »
Il dit aussi : « Je priais beaucoup, et c’est la prière, je le sais, qui me donnait un sommeil calme. » Il avait achevé « un petit travail sur André Chénier ». Tous les hellénistes savent qu’il avait publié, très jeune, une anthologie de la poésie grecque qui a pris place parmi les classiques. Souvent, le traducteur s’élève aux ailes de l’original.
La mort de Socrate
Un autre, dans le trésor des lettres classiques, nous a donné le récit de la mort d’un sage. Platon n’était pas présent, dans la prison de Socrate, au jour où il but la ciguë pour exécuter la condamnation prononcée par les magistrats de la Cité. Mais, dans le Phédon, il nous a donné le récit complet de cette dernière journée ainsi que le dialogue avec les disciples que Socrate conduit à l’apaisement, sans y parvenir totalement. Car lui seul, en définitive, finit la journée apaisé.
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