La mort de Marc Blondel - France Catholique
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La mort de Marc Blondel

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La mort de Marc Blondel, ancien Secrétaire général du syndicat Force ouvrière, nous permet de nous ressouvenir d’une figure originale qui s’inscrivait dans une certaine culture politique et sociale. Ne se définissait-il pas comme anti-communiste primaire, ce qui était d’ailleurs conforme à l’identité d’un syndicat fondé après-guerre, explicitement pour s’opposer à la CGT, alors complètement intégrée dans le système qui s’ordonnait autour du Parti communiste ? Il revendiquait l’originalité propre à l’existence et au combat des syndicats, qu’il ne pouvait imaginer affiliés à un parti politique, quel qu’il soit. Certes, il affirmait aussi son ancrage à gauche : « Même si je me sens proche des familles socialiste ou collectiviste, j’ai toujours gardé en moi une espèce de petit espace libertaire. Je ne veux pas que le dogme et l’idéologie écrasent l’individu. »

Ce type de déclaration est typique du personnage mais aussi d’un héritage qui était déjà celui d’un André Bergeron, son prédécesseur à FO. J’avais été un peu étonné d’entendre un jour ce dernier, après m’avoir fait une profession de foi très modérantiste, se réclamer d’une tradition ouvertement anti-cléricale. Il me semble que l’anticléricalisme était encore plus développé chez Marc Blondel qui ne perdait pas une occasion de pourfendre le Vatican et de se réclamer de la loi de 1905, dont il avait une interprétation très maximaliste. Avec lui, on passait très vite de la laïcité au laïcisme, de la neutralité philosophique à l’affirmation d’une hostilité philosophique.

Ses amis nous expliquent que cet homme apparemment si extraverti était en fait un grand pudique. On ne saurait donc ramener sa personnalité à ses traits les plus caricaturaux. Était-il vraiment complice, de cœur et de raison avec le courant trotskiste qui a toujours été présent à FO ? Président de la très rationaliste Fédération de la libre pensée, il n’en avait pas moins reçu, avec la fine fleur du syndicalisme, le pape Jean-Paul II à Genève, lors de la visite de ce dernier à l’Organisation internationale du travail. Paix à son âme !

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 18 mars 2014.