La morale bling-bling - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La morale bling-bling

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Il est beaucoup question de morale, en ce moment, dans les gazettes et chez les politologues. On s’interroge gravement pour savoir si la droite est sur le point de reprendre à la gauche l’avantage qu’elle était censée avoir dans l’opinion. La cause en est la mauvaise conduite d’un leader socialiste qui, en l’espace d’une journée, aurait changé la donne. Si je reprends à la lettre ce qu’on explique ici ou là, la gauche n’aurait plus de leçons à donner à la droite, sur le terrain des valeurs. Elle serait désormais bien en peine de fustiger une droite bling-bling alors que s’étale le scandale de l’inconduite, de l’argent insolent et de tout ce qui fait injure au pauvre peuple subissant durement les conséquences de la crise.

Ce genre de langage ne parvient pas du tout, mais alors pas du tout, à m’émouvoir. Car si on veut parler vraiment de morale, il faudrait en parler sérieusement, en examinant quel crédit on peut accorder à des formations politiques, quelles qu’elles soient, qui ont depuis longtemps rompu les amarres avec toute conception générale de l’existence. Bien sûr, il faudrait mettre beaucoup de nuances, mais il y a quand même des observations de base à faire. Depuis un certain Nicolas Machiavel, la séparation radicale entre les choses de la cité et l’ordre des finalités (incarné alors par le christianisme) a été proclamée et entérinée. Si l’on parle de vertu, c’est dans un sens très particulier, qui met en évidence la détermination, éventuellement violente, qui fait la force du politique. Et plus on avance en modernité, plus l’individualisme devient la règle absolue de la législation des États. Il s’agit pour le libéralisme d’accorder le maximum de jouissances privées et d’aisance matérielle aux individus. D’où l’éloge démesuré du commerce, qu’on appelle parfois, « le doux commerce ».

Dans un tel cadre axiologique, il s’agit de distribuer de plus en plus de droits aux individus, et d’aller le plus loin possible jusque dans la transgression pour accorder ces droits. Ainsi, le mariage serait accordé aux homosexuels dans cette seule perspective du progrès des droits individuels, à ne pas confondre avec le droit tout court. Il en va de même avec l’euthanasie. Que l’on ne s’étonne donc pas d’une désintégration de la morale, qui fait que quand nos politiques osent s’en prévaloir, ils s’inscrivent simplement dans le champ du spectacle et de ce qu’on pourrait appeler la morale des paillettes. Et pourquoi pas, la morale bling-bling ?

Chronique du 22 juin sur Radio Notre-Dame