La messe à Dachau - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La messe à Dachau

Pour les prêtres de Dachau, célébrer la messe fut une priorité. Risquant leurs vies, ils ne renoncèrent jamais à l’eucharistie et à la distribuer autour d’eux. Un témoignage unique dans l’histoire de l’Église. Et si précieux, à l'heure du confinement…
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La communion, de Ferdinand Dupuis, séminariste, matricule 80.118, déporté du STO. Les croquis ont été réalisés sur place.

La communion, de Ferdinand Dupuis, séminariste, matricule 80.118, déporté du STO. Les croquis ont été réalisés sur place.

Les prêtres arrivés à Dachau à partir de 1941 racontent tous l’effarement qui les saisit à peine sortis des wagons à bestiaux : l’immensité de la place d’appel, le choc de la désinfection, les ordres hurlés dans les haut-parleurs. « L’image qui vient à l’esprit est celle d’un tableau surréaliste. Je suis ahuri », se souvient le Père Gérard Pierré, alors séminariste, immatriculé le 10 septembre 19441. Mais l’une de leurs plus grandes surprises fut aussi de découvrir l’existence d’une chapelle aménagée dans les moindres détails.

Cette particularité, unique dans tout le système concentrationnaire nazi, est issue d’un accord arraché par Mgr Cesar Orsenigo, nonce apostolique en Allemagne, à Ernst von Weizsäcker, secrétaire d’État aux Affaires étrangères du Reich, au début de l’année 1940.

Le feu vert officiel est donné à l’automne et les travaux commencent immédiatement dans la chambrée (Stube) n° 1 du block 26 où sont regroupés les ecclésiastiques dont l’effectif dépasse déjà les 1 000 détenus. La première messe est célébrée le 21 janvier 1941 par le Père Pawel Prabucki, un prêtre polonais qui mourra le 30 août 1942, quelques semaines après ses deux frères, Alois et Boleslaw, prêtres également.

Mobilier liturgique

Très sommaire dans les premiers temps, la chapelle s’enrichit d’objets et de mobilier liturgiques. L’atelier de menuiserie, dans lequel les détenus fabriquaient des meubles pour les SS, est mis à contribution pour construire un autel. Avec des boîtes de conserve en fer-blanc ou du laiton, on confectionne des croix, des ostensoirs, des chandeliers. Un très beau chemin de croix est disposé sur les murs. Le système D et les combines permettent d’acquérir les objets les plus inattendus, comme un harmonium pour accompagner les cantiques.

En septembre 1944, l’arrivée de Mgr Gabriel Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, déporté pour son implication dans le sauvetage des Juifs, soulève un nouveau défi : il lui faut une crosse, un anneau et une croix pectorale.

La question est vite résolue grâce à du cuivre chapardé dans les usines Messerschmitt, où sont affectés plusieurs kommandos de Dachau. Ses attributs seront indispensables lorsqu’il procédera le 17 décembre à l’ordination de Karl Leisner, jeune séminariste rongé par la tuberculose, béatifié en 1996 par Jean-Paul II.

Un lieu de paix sans égal

Pour les prêtres, la chapelle est un lieu de paix sans égal, même si l’hostilité de l’encadrement SS et des kapos les conduit à demeurer sur leurs gardes en permanence. Ainsi, en septembre 1941, les prêtres polonais du block 28 s’en voient barrer l’accès sans raisons précises, sinon vexatoires. Le Père Georg Schelling, un Autrichien nommé chapelain au printemps 1943, accepte de courir tous les risques pour contourner cette mesure et accueillir ses confrères affligés. À partir de l’été 1944, tous les prêtres peuvent de nouveau fréquenter la chapelle, devenue, selon le jésuite belge Leo De Coninck, le cadre d’une « messe continuelle, matin et soir ».

Retrouvez l’intégralité de l’article dans le magazine.

  1. À l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp de Dachau, KTO diffuse un document exclusif : « Bloc 26 – Huit mois à Dachau« . Avec pudeur et profondeur, le Père Gérard Pierré, dernier survivant français de la baraque des prêtres à Dachau, décédé du coronavirus le 3 avril dernier à l’âge de 97 ans, y évoque son expérience du camp où il fut déporté après sa capture dans un maquis en septembre 1944. Et le pardon qu’il a naturellement accordé aux bourreaux. « Il faut se libérer le cœur. L’absence de pardon, c’est un poison », dit-il. Un documentaire unique réalisé par Jérôme Mauduit et Jean-Pier Delaume-Myard.