Face aux « nouvelles offensives contre la famille et l’éducation » qu’elle voulait contrecarrer hier dans la rue à Paris, le combat de la « Manifpourtous » n’était pas aussi facile qu’en 2013 et 2014. Tant s’en fallait, et ceci au moins pour quatre raisons : d’abord, précisément parce que ces offensives de la part du pouvoir politico-médiatique en place se sont multipliées et diversifiées, tout en étant moins visibles, et donc moins faciles à désigner, et donc à expliquer au public. Aujourd’hui, outre la loi Taubira sur le pseudo-mariage homosexuel, la PMA et la GPA, la place et le rôle des parents, on constate le démantèlement de la politique familiale, l’instillation rampante de l’idéologie du Gender à l’école, de nouvelles atteintes à la liberté de l’enseignement, la réforme du collège dans une Education nationale à nouveau sinistrée et des programmes scolaires encore plus politisés.
Ensuite, deux ans après le rendez-vous du 5 octobre 2014, le mouvement de masse s’était forcément quelque peu essoufflé, du fait d’un nouveau contexte, en cette année 2016 où les préoccupations des Français sont davantage tournées vers les thèmes de sécurité face au terrorisme islamiste – Un problème pour lequel l’héritage de Mme Taubira semble également lourd à porter, cette fois en matière d’efficacité judiciaire… Mais ici, elle est loin d’être la seule en cause dans une France dangereusement fragilisée…
Autre raison d’une mobilisation moins grande : certaines dissensions, sans doute difficiles à éviter mais néanmoins regrettables, ont en cours de route affaibli le mouvement de masse de la Manifpourtous, avec le départ de la figure de proue médiatique qu’était Frigide Barjot et l’éloignement du groupe qui l’entourait, et le resserrement du noyau dirigeant sur une base sociologique moins large, peut-être moins attractive, qui sait…
Enfin, si le mouvement de défense de la famille a connu un certain tassement hier dans la rue, c’est peut-être aussi parce que, dans les milieux politiques, même si ceux-ci sont de moins en moins écoutés par les citoyens désabusés, certains relais potentiels ou virtuels se sont totalement ou partiellement dérobés et détournés de la cause première de la lutte contre la loi Taubira : outre la palinodie d’un certain Nicolas Sarkozy, dont les sondages d’opinion semblent être la principale boussole en matière d’orientation sociétale, on a pu encore mieux observer hier la distanciation à la fois géographique et idéologique de François Fillon parti au Maroc justement le jour de la manifestation (NB Soit ce garçon est agoraphobe, soit il évite systématiquement de descendre dans la rue aux côtés des militants de la Manifpourtous, soit il estime – curieusement – que marcher avec des citoyens, ne serait-ce qu’un instant, ne correspond pas à la dignité d’un ancien Premier ministre de la République…).
Seul partisan ferme et constant de l’abrogation de la loi Taubira parmi les « Républicains » admis au filtre des « Primaires », le candidat du Parti chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson est venu parmi les manifestants, sous leurs acclamations. Alors qu’on pouvait juger plus compliquée la démarche d’Hervé Mariton, venu défiler malgré son ralliement à la candidature du très conformiste et très pro-loi Taubira Alain Juppé, en évoquant une opposition au thème restreint de la GPA… Enfin, eux aussi présents sur des cases de l’échiquier politique et dans la rue, Marion Maréchal-Le Pen et Henri Guaino, chacun avec sa partition, fermes et constants l’un comme l’autre dans l’opposition aux projets sociétaux délétères du pouvoir en place.
Au-delà de l’échéance électorale de la prochaine présidentielle, c’est probablement sur le long terme que le combat de la Manifpourtous se jouera : pour les défenseurs de la famille et d’une éducation digne de la nature réelle des enfants, c’est l’heure de la persévérance. Non pas l’heure de jeux politiciens capricieux, méprisants et frivoles. Mais de l’engagement sérieux, généreux, responsable et méritoire d’une génération, dans la durée, pour ses successeurs.
Pour aller plus loin :
- Du « mariage pour tous » à la « PMA pour tous »
- GPA : Les enjeux de la gestation pour autrui à l’international
- La Manif Pour Tous présente 10 principes et 38 propositions élaborées par les Français à la Maison de la Mutualité à Paris
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- 25 janvier 2013 - La Manif pour Tous à l’Elysée